Pourquoi Miyasaki ne prendra pas sa retraite tout de suite ...

Parceque le vent se lève est décevant et qu'il n'aura pas envie de partir sur cette "fausse" note.
Et pourtant qu'est ce que j'avais envie de l'adorer celui-là.

Aller voir le "dernier" Miyasaki au cinéma est une sorte d'acte de foi pour moi.
Je crois que si j'aime autant la japanimation, c'est un peu grâce à lui et grâce à son Porco Rosso qui m'a foutu une baffe dont j'ai encore beaucoup de mal à remettre une dizaine d'année plus tard.
Depuis , je suis devenu Papa et il me semblait nécessaire de partager son univers avec ma fille.
Pour elle, la claque est venue de Totoro au point que c'est un des rares noms de réalisateur qu’elle a retenue pour le moment (avec Tim Burton).
Du coup petite séance en famille, ce n'est pas souvent qu'on va voir ensemble un Miyasaki au cinéma ( le seul avait été Ponyo ) et du coup, on était assez impatient.
Je l'avais bien sûr prévenu.
Avec le vent se lève, on aura le droit à un Miyasaki plus "adulte", plus réaliste et donc plus difficile à appréhender pour elle.
C'est là qu'elle me rappelle gentiment que ça fait un moment qu'on a passé une étape au niveau des films que je lui montre et que toute façon, on avait bien vu Princesse Mononoké et le château ambulant ensemble et qu'il n'était pas forcement pour les enfants, eux non plus.
Et c’est là qu'elle a mis le doigt sur quelque-chose. On nous fait tout un foin sur le côté sombre et mature du Vent se lève comme si c'était quelque-chose de nouveau dans la filmographie de Miyasaki alors que c’est loin d'être le cas.
Comme si le réalisme allait forcement de paire avec le côté adulte et que dès qu'on travaille plus dans des mondes imaginaires, c'est forcement pour les enfants.
J'irais même plus loin. Nausicaa, Princesse Mononoké ou le château ambulant sont, pour moi, des œuvres bien plus sombres, voire désenchantées que le vent se lève.

Autant le dire tout de suite , j'en suis ressorti assez mitigé. Ma fille aussi d'ailleurs.
On était très loin de l'enthousiasme d'un Totoro ou d'un Porco Rosso.
Si j'accorde beaucoup d'importance au point de vue de ma fille pour ce film, c'est tout d'abord parce qu’elle a été la plus déçue et aussi parceque l'ennuie n'était pas bien loin pour elle.
La plupart des thèmes traités dans "Le vent se lève" l'ont déjà été dans beaucoup de ses autres animés mais avec beaucoup plus de réussite.
On peut adorer Porco Rosso sans forcement comprendre qu'on est en pleine période de fascisme et que la guerre approche à grands pas.
D'ailleurs, cette comparaison avec Porco Rosso n'est pas anodine.
Je trouve qu'il y a beaucoup de points communs entre les 2 films : l'amour de l'aviation, la période, l'Italie et donc la multi culture et l'histoire d'amour avec une petite dose d’égoïsme de la part des hommes.
Si, aux premiers abords, on pouvait saluer le fait que Miyasaki sacrifie son univers fantasmagorique pour plus de réalisme, on se rend vite compte que ce choix ne s'avère pas si judicieux que cela.

Attention Le vent se lève n'est pas un mauvais film.
Déjà, il est beau , très beau (même si certaines scènes de prairie abusent un peu d'effet photoshop).
La réalisation est nickel , les scènes de rêves sont notamment particulièrement réussies (quoique trop rares ou pas assez poussées)
L'une des meilleurs scènes, celle du tremblement de terre, vous scotche à votre siège.
D'ailleurs, j'ai trouvé le traitement des bruits sonores particulièrement intéressant. Que ça soit sur cette scène ou celle avec le bruit des hélices, y a quelque choses de véritablement angoissant comme une sorte de grognement monstrueux.
Je n'ai pas réellement saisi la raison à cela mais l'effet est assez bluffant.

Pour le reste , le film est trop long, il aurait mérité plusieurs coupes notamment les scènes où Jiro s'étale sur la conception des avions (les rivets et tout le toutim ça ne passionne pas plus que ça). On sent le gars passionné mais il oublie un peu vite que son film doit aussi s'adresser à des spectateurs qui n'y connaissent rien.

Au final, un Miyasaki moyen qui rate un peu sa cible. Un réalisme pas totalement assumé, un onirisme pas assez poussé ne réussissant pas à rendre le sujet excitant.