Vent d'Est, vent d'ouest.
Voilà une oeuvre de Miyazaki qui emballe l'ouest , et chiffonne les japonais.
L'amour de Miyazaki pour les objets volants parfaitement identifiés trouve son apothéose dans ce film, son ultime film, puisqu'il s'agit carrément de la vie de Jiro Hirokoshi, inventeur du génialement sinistre chasseur Zero-Sen.
Comme toujours, le dessin est sublime, truffé de détails tout en petites touches de délicatesse. Un dessin qui gagne en précision , au fur et à mesure des films.
L histoire est destinée à un public adulte plutôt qu'enfantin, les sentiments mis en exergue sont très sombres, et la mort est abordée de manière très frontale. L'amour aussi : baisers sur la bouche, sexe, marital certes et en hors-champ. La noirceur de cet homme (pourtant "un gars bien", comme tout le monde dans le film aime à le qualifier, sauf sa lucide petite soeur qui le traite de coeur de pierre ) qui préfère garder auprès de lui une femme malade, ayant grand besoin de soin à la montagne, afin de ne pas être distrait de son travail , de sa passion...
Malgré un montage un peu erratique, un manque de fluidité entre les séquences, le film vous transporte dans son ailleurs, son terrible tremblement de terre, magnifiquement mis en scène, ses essais de vols infructueux, ses gros boeufs tracteurs dignes d'une mythologie, et ses digressions multiples sur l'imbécillité de la guerre et le sens d'une oeuvre et d'une vie. Le film est tourbillonnant, voulant aborder beaucoup de sujets, conscient de sa dimension un peu testamentaire et de transmission (scène du mariage, par exemple)...
Point final d'une filmographie dont la tendresse et une certaine sentimentalité sont la tonalité dominante, le vent se lève est un film d'animation qui fera date au delà de son créateur Miyazaki.