L'ouverture de Les huit salopards est de toute beauté : musique d'Ennio Morricone, intrigue alléchante et paysages blancs comme l'hiver qui rappellent les rares westerns tournés dans la neige, de La chevauchée des bannis à Jeremiah Johnson. Mais le film va essentiellement se dérouler en huis-clos en une sorte de variante d'un célèbre roman d'Agatha Christie. Tout est parfaitement maîtrisé évidemment et on ne s'ennuie pas pendant près de trois heures avec le thème de prédilection de Tarantino traité en long et en large : le racisme. Cependant, avec un talent tel que celui du cinéaste, on attendait beaucoup mieux que ces longs bavardages qui feraient passer Woody Allen pour un cinéaste du muet et surtout ce déferlement de violence ultra gore qui ponctue toute la deuxième partie du film. Tout dépend évidemment du degré de tolérance du spectateur à la quantité de sang versé mais quand c'est trop, c'est tout bonnement lassant et, il faut bien le dire, très complaisant. Sentiment accentué par le peu d'humour distillé à moins de prendre le langage systématiquement grossier comme en étant (de l'humour). Et puis n'y aurait-il pas une certaine misogynie dans le traitement du personnage de Jennifer Jason Leigh ? Ce à quoi Tarantino répondra qu'il est conforme à l'époque. Passons. Difficile de mettre en avant une interprétation en dans la choeur des personnages (la direction d'acteurs demeure un des points forts du réalisateur) mais la performance de Samuel L. Jackson reste tout de même la plus mémorable. En fin de compte, il y a tout de même une petite impression de gâchis dans Les huit salopards. Ceci dit, ce n'est pas la première fois que l'on éprouve ce sentiment devant un film de Tarantino. Comme si, à 50 ans passés, le cinéaste tenait à sa réputation de sale gosse n'en faisant qu'à sa tête et s'autorisant le mauvais goût comme une marque de fabrique.

Cinephile-doux
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le 11 déc. 2016

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