Critique tardive.


Victime du piratage sans vergogne d'internautes trop curieux qui ont dévalisé son scénario, Quentin Tarantino avait souhaité abandonner son deuxième western après l'acclamé Django Unchained. Mais c'était mal connaître le trublion d'Hollywood qui, après avoir quelque peu modifié son scénario et interchangé des acteurs, nous sortit finalement son huitième film, quitte à déstabiliser complètement son public.


Huis-clos étouffant situé dans une boutique enneigée du Wyoming, quelques temps après la douloureuse Guerre de Sécession, Les 8 Salopards nous narre la rencontre entre un chasseur de primes vantard et brutal (Kurt Russell dans l'un de ses meilleurs rôles), sa récente et coûteuse proie (Jennifer Jason Leigh, aussi dingue que méconnaissable), un rival black qui aurait échangé épistolairement avec Lincoln (Samuel L. Jackson, qui ne semble briller que devant la caméra de Tarantino), un futur shérif un brin raciste (Walton Goggins, tout bonnement génial) et d'autres énigmatiques personnages eux aussi bloqués par un blizzard dans la célèbre Mercerie de Minnie. Tous ont l'air d'avoir un sacré passif et tous sont de potentiels tueurs, en tout cas assez pour que notre chasseur de prime principal s'en méfie comme la peste et commence à instaurer une paranoïa ambiante des plus communicatives.


Transposition altérée des "Dix petits nègres" d'Agatha Christie dans un décor westernien authentique, le long-métrage étonne autant par son rythme lent et soutenu que par sa beauté visuelle renversante, Tarantino s'étant tout simplement surpassé à tous les niveaux pour délivrer un thriller anxiogène où les répliques cinglantes fusent autant que les balles et où les faux-semblants enveniment progressivement une ambiance aussi tendue que souvent décomplexée. Personnages atypiques brillamment écrits, dialogues toujours aussi délectables, interprétation aux petits oignons, décor quasi-unique parfaitement bien géré dans l'espace et enivrante musique d'Ennio Morricone s'ajoutent à un scénario malin et passionnant qui porte finalement en lui toute la patte d'un metteur en scène inspiré et autrement talentueux. L'un des meilleurs Tarantino à ce jour.

MalevolentReviews
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de Quentin Tarantino, Les meilleurs films de 2015 et Les meilleurs films avec Samuel L. Jackson

Créée

le 6 sept. 2019

Critique lue 109 fois

Critique lue 109 fois

D'autres avis sur Les 8 Salopards

Les 8 Salopards
KingRabbit
8

Peckinpah Hardcore

Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...

le 25 déc. 2015

259 j'aime

26

Les 8 Salopards
Sergent_Pepper
7

8 hommes en polaires

On pourrait gloser des heures sur chaque nouvel opus de Tarantino, attendu comme le messie par les uns, avec les crocs par les autres. On pourrait aussi simplement dire qu’il fait des bons films, et...

le 9 janv. 2016

206 j'aime

31

Les 8 Salopards
Velvetman
8

Oh, you believe in Jesus now, huh, bitch? Good, 'cause you gonna meet him!

Crucifiée, les yeux tournés vers une terre enneigée, une statue christique enclavée au sol observe de loin cette Amérique qui subit les cicatrisations cathartiques du clivage des contrées du Nord...

le 6 janv. 2016

143 j'aime

20

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10