En 1973, Louis de Funès est au sommet de sa gloire. A bientôt soixante ans, l'acteur enchaîne les cartons. Même ses films les moins bons, artistiquement et commercialement, comme Sur un arbre perché font 1,6 millions d'entrées ! Quelle comédie française aujourd'hui ne rêverait-elle pas de faire un tel score ?


Sa précédente collaboration avec Oury (La Folie des grandeurs) avait placé la barre très haut en terme de folie, de budget, de tournage, de gags et d'action. Avec Les aventures de Rabbi Jacob, il y a une forme de surenchère. Même si le tournage reste en France, à part un début aux États-Unis, De Funès est un véritable cyclone ambulant payant cher de sa personne. Évidemment, il y a la fameuse scène dans la cuve de chewing-gum, du burlesque pur, mais on retrouve aussi un De Funès à moitié à poil se baignant dans un lac, De Funès déguisé en rabbin se voyant obligé de danser. De Funès, ancien pianiste, avait le sens du rythme. Il n'a pas dû apprendre à danser comme son personnage pourrait le laisser se supposer mais à mal danser.


Depuis La Grande Vadrouille, on le retrouve dans son éternel rôle de bourgeois irascible, fort avec le faible, faible avec le fort, très vite dépassé par les événements et entraîné dans des aventures rocambolesques et des quiproquos hénaaaaaauuuuuuuuurmes. Dans Les aventures de Rabbi Jacob, il campe un industriel raciste (et, comme tous les racistes, se défendant de l'être), incapable de se rendre compte que Salomon, son chauffeur, est juif et ignorant tout des autres religions. En quelque sorte, une caricature du français moyen de l'époque.


Gérard Oury en tire un film humaniste où un arabe et un juif se sert la main à la fin, où un arabe se marie avec la fille du bon catholique. Pour De Funès, il s'agit du dernier film avant son accident cardiaque qui va l'éloigner des tournages pendant trois ans. On peut même considérer qu'il s'agit de son dernier bon film et, ce qui est sûr et certain, de sa dernière collaboration avec Oury. Le tandem ne le sait pas car ils préparaient déjà activement le tournage du Crocodile qui aurait dû avoir lieu en 1975 dont on nous promettait déjà qu'il serait encore plus physique que Rabbi Jacob et La Folie des grandeurs. Il ne verra jamais le jour bien qu'Oury y pensa jusqu'à la mort de De Funès.


Quelle importance au final ? Puisque Les aventures de Rabbi Jacob fait partie des classiques du cinéma français, arrivant comme ça à traverser les époques, les décennies, et en parvenant toujours à faire rire à chaque rediffusion télé. Qu'on aime ou qu'on déteste De Funès pour ses grimaces, ses gesticulations, son cabotinage (ce que je peux comprendre), on ne peut lui retirer ça.

Incertitudes
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le 5 avr. 2015

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