Alicia Huberman, fille d'un espion nazi, accepte de travailler pour les États-Unis et d'infiltrer un réseau d'espion en Amérique latine. Le scénario de Ben Hecht s'inspire de l'actualité de l'immédiat après-guerre. En parallèle de cette intrigue principale se développe également une histoire d'amour empêchée, contrariée, par la nature même de sa mission, celle entre Devlin et Alicia. D'ailleurs, les dialogues entre Cary Grant et Ingrid Bergman - tantôt tendres, tantôt rudes - autour d'un amour impossible à avouer sont brillants. La science du découpage et des mouvements de caméra d'Alfred Hitchcock apporte ici suspense et mystère : la fameuse scène du baiser de deux minutes trente, le long travelling partant du haut de l'escalier pour se terminer sur la clé que tient l'héroïne dans sa main, les séquences d'empoisonnement ou encore la magnifique scène finale quand Devlin enlève Alicia pour la sauver. Un chef d’œuvre extraordinaire, un classique. On notera aussi la superbe photo de Ted Tezlaff (lui-même un réalisateur méconnu à l’œuvre originale). Alfred Hitchcock réalisa ce film pour le producteur David O. Selznick et fut exploité par la RKO.