Pour certaines personnes, la famille, c'est sacré. Pour d'autres on ne la choisit pas, on fait juste avec. Pour la plupart c'est le dernier endroit où se réfugier. Dans tous les cas c'est souvent compliqué. Toute famille à ses histoires, ses blessures. Chacune peut souffrir de dysfonctionnement ou se désunir. Mais les liens restent toujours forts, même lorsqu'ils nous emprisonnent.
C'est un peu ça que nous raconte Jacques Audiard avec les frères Sisters. Ces derniers sont deux tueurs à gage éliminant des cibles pour le compte d'un des hommes les plus puissants d'Oregon City : le Commodore. Alors que Charlie, le cadet, a les faveurs de son employeur et se voit confier les rênes de leur future mission, Elie, l'aîné, voit d'un mauvais œil ce traitement de faveur et traîne la patte. La mission est alors assez simple : retrouver Morris, un détective sur les traces d'un voleur puis finir le travail.
Tout au long de la chevauchée en plein far west, on va découvrir chacun des deux frères et comment fonctionne leur relation. On se rend alors vite compte que Charlie n'est pas la tête pensante du duo. Trop impulsif et porté sur la boisson, c'est à son frère Eli de prendre soin de lui et souvent de le sortir de mauvaises situations. Eli au contraire est très calme, réfléchi et attentionné, au point qu'on en vient à se demander pourquoi il a choisi cette vie de mercenaire.
En parallèle, on va aussi découvrir les personnages de John Morris, le détective et de sa cible Hermann Kermit Warm qui s'avère finalement être un chimiste ayant trouvé une formule capable de révéler l'or, ce que le Commodore convoite. Ces deux personnages vont finalement se lier d'amitié et partager une vision du monde éloignée de la violence qui a envahi l'ouest américain à cette époque. En cela, ils s'opposent totalement aux frères Sisters qui vivent de ce chaos régnant.
Tout le film repose sur ces oppositions. Celles entre les deux frères qui sont comme l'eau et l'huile. L'un est impulsif et violent, l'autre est calme et raisonnable. L'un ne peut s'imaginer arrêter de tuer, l'autre pense à ouvrir un commerce. Celles aussi entre les frères Sisters et le duo Morris-Warm qui font apparaître le fossé existant entre un ancien monde de violence dépassé et l'espoir d'un nouveau monde civilisé.
Finalement, les frères Sisters est un beau film qui, en plus d'offrir de superbes images de l'ouest américain (on est dans un Audiard tout de même!), nous conte l'histoire d'une solidarité fraternelle puissante malgré les différences de chacun. Un bon moment à passer devant le grand ou le petit écran.