Il vaut mieux être averti en regardant Les funérailles des roses, non pas par le sujet, mais à cause de sa nature expérimentale. Pour ce que j'ai compris, ça raconte comment Eddie, un jeune travesti, veut éliminer le compagnon de la propriétaire du bar pour qui il travaille. Jusque là, ça va.


Mais quelque part, ce film pourrait être Jean-Luc Godard qui filmerait des travestis dans le quartier tokyoïte de Shinjuku, repère alors des personnes dites différentes, où sont également présent les personnes homosexuelles. On a droit à des bancs-titres, du collage, des accélérés, des ralentis, l'image qui se solarise ou passe au négatif, et même des scènes totalement méta où le réalisateur interviewe ses propres acteurs sur leur rapport au travestissement ! C'est là où je parlais de cinéma expérimental, qui ose beaucoup de choses par rapport à la sexualité, notamment filmer ce jeune Eddie, nommé en fait Peter (qui est un réel travesti) sous toutes les coutures, notamment quand il fait l'amour avec un homme, mais aussi revenir sur son enfance difficile où il a vu sa mère coucher avec un autre que son père.
Mais j'y ai vu aussi un documentaire saisissant sur Shinjuku en 1969, qui ressemble à un dernier bastion où l'interdit, de manière péjorative, est encore toléré, avec ses bars gays, où tout le monde est accepté.


Mais il est vrai que ce Peter est proprement saisissant, assumant totalement sa condition de travesti, qui préfère d'ailleurs s'habiller en femme sans avoir l'intention de changer de sexe. C'est surtout lui qui fait l'intérêt de ce film très étrange, plastiquement superbe, politiquement engagé, mais qui peut laisser du monde sur le bord de la route.

Boubakar
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le 5 mai 2020

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