Les gardiens de la galaxie sont une équipe totalement inconnue du grand public. Rattachés à l’univers marvel, ils ne semblent pourtant rien à voir avec les avengers que nous avons appris à découvrir. Seul le lecteur de comics aura quelques connaissances sur les personnages, et encore le lecteur récent que je suis les connaît à peine, voir pas du tout. Et pour cause la première version de l’équipe est apparue dans les années 70. Avant d’être remis au goût du jour tout récemment, ils n’ont fait que quelques apparitions dans d’autres séries (comme Annihilation).
Avec ce film, j’étais à la fois excité et craintif. Excité parce que pour la première fois (après un avant-goût dans « Thor le mondes des ténèbres » toutefois), l’univers cosmique de marvel allait être montré. L’occasion de montrer de nouvelles catégories de personnages et de nouveaux mondes. Craintif également parce que la bande annonce ne m’encourageait pas à être positif : un accent appuyé sur l’humour, or l’humour mal intégré et poussif est justement ce que je reprochais à certaines productions marvel (Thor 2 et iron man 3) ; ensuite je craignais un développement inégal des personnages au profit du chef de bande, une romance inévitable et les autres relégués au statut de bourrin. Mais ces craintes se sont envolées aussi vite que de l’oxygène après dépressurisation.
Car autant le dire tout de suite, « les gardiens de la galaxie » s’avère une réussite à tous les niveaux. Hilarant du début à la fin, les créateurs sont parvenus à doser un juste niveau d’humour avec un talent consommé du décalage. Les répliques fusent, jamais lourdes et sans jamais casser ni le rythme ni l’ambiance, les enjeux restant malgré tout dramatiques et les personnages sombres. Un mélange réussi.
L’irrévérence incarnée, champion de l’humour inapproprié, ce Jack Sparrow de l’espace n’a pas son équivalent que ce soit sur Terre ou dans l’espace, et serait tout à fait capable de remporter un concours de vanne avec Tony Stark. Coureur de jupon invétéré adepte des mélanges inter-espèces, voleur parmi les voleurs, Star lord, c’est quelqu’un capable de danser sur une musique rock en pénétrant dans un temple abandonné hostile, ou de partir en oubliant le coup d’une nuit qui dormait dans la soute.
Vulgaire, à l’humour douteux, aussi improbable qu’un dieu nordique descendu sur Terre, Rocket le raton-laveur lui partage le podium. Cynique à tendance psychopathe, il vaut mieux ne pas compter sur lui pour nous sauver, au risque qu’il anéantisse nos assaillants…et nous en même temps ! Un tantinet susceptible sur son apparence.
Si sa réplique « je s’appelle Groot » est dore et déjà culte, l’arbre vivant parvient à susciter le rire juste par ses expressions. Cette étrange créature qui a plus d’une carte dans sa branche pour terrasser les ennemis ou protéger ses coéquipiers, a tendance à agir au plus mauvais moment, comme la fameuse scène de l’alarme (à impérativement enlevé au dernier moment n’est-ce pas !). Groot, c’est quelqu’un qui s’acharne contre des ennemis avant de faire un grand sourire.
Drax, totalement ignorant du second degré, pourrait tenir un bras de fer avec Hulk (mais pas longtemps faut pas déconner non plus !). Avec lui, vaut mieux éviter d’utiliser les expressions qui lui passent par dessus la tête. Entièrement tourné vers le combat, il tente pourtant se lier au reste de l’équipe, mais lorsque l’un d’eux s’appelle Rocket, ce n’est pas gagné d’avance.
Enfin Gamora, la femme la plus dangereuse de l’univers, aussi redoutable et sexy que la Veuve Noire. La romance entre Star Lord et Gamora n’est d’ailleurs heureusement pas le centre du film, et n’éclipse pas les autres relations. Elle est même tragique en raison du passé de Gamora, comme en témoigne la scène ou il brave le froid mortel de l’espace pour elle, attendant pendant que leurs visages se couvrent de glace.
Réussir à introduire efficacement quatre nouveaux personnages (cinq avec Groot) ne représentait pas une tâche évidente. Elle fut pourtant relevée avec brio. En effet chacun d’entre eux possède sa propre particularité, ses propres éléments propres à générer l’humour comme sa propre histoire tragique. Ainsi Peter Quill fut arraché enfant à la Terre et à sa mère ; Gamora fut torturée par l’être appelé Thanos ; Drax a perdu sa famille et depuis ne jure que par la vengeance ; Rocket a subi une succession de manipulation qui l’ont transformé en phénomène de foire.
« Les gardiens de la galaxie » présente toute une variété de mondes exotiques, de technologies avancées, de créatures au design bien conçu, tel Thanos, imposant dans son trône volant, Ronan l’Accusateur, redoutable dans son armure et sa lourde masse, ou encore l’inquiétant Collectionneur, à l’attirance malsaine pour les objets rares, et Yondu et son étonnante arme à commande vocale. Prison orbital, cité futuriste, satellite mal famé, le film nous ballade d’un bout à l’autre de l’espace.
Pour les lecteurs de comics, c’est l’occasion de voir à l’écran tout un pan de la Maison des Idées encore inexplorées : Ronan et les Kree, Xandar et les Nova Corps, et bien sûr Thanos, le Titan fou.
Visuellement, c’est un délice. Nébuleuse lointaine, des combats impliquant des vaisseaux de toute taille, les images sont belles et les scènes magnifiques.
Si le film excelle en introduisant les nouveaux personnages, le reste du scénario est malgré tout quelque peu classique. Un sombre méchant qui veut détruire le (un) monde, animé par la vengeance, un personnage important comme Ronan l’Accusateur aurait pu mériter un meilleur traitement, mais c’est là le seul reproche que j’aurais à faire. Le scénario se rattrape largement par l’introduction des personnages, de l’univers et des péripéties menant les héros à découvrir toute l’étendue de la menace.
Je sais que certains, par soucis intellectuel, préfèrent une note plus timorée, ce que je peux tout à fait comprendre. Mais pour ma part je note les films selon la catégorie auquel ils appartiennent, en l’occurrence ici un divertissement, et en tant que tel le film mérite une très bonne note.
Introduction réussie, univers rafraichissant, personnages attachant, « les gardiens de la galaxie » constitue un très grand divertissement, inventif et hilarant. Si « the avengers » réussissait le tour de force de réunir des personnages d’origine très différentes et ayant leur propre histoire, son équivalent cosmique parvient à introduire en un seul film une toute nouvelle équipe et un nouvel univers à explorer. Star Lord, Rocket et Groot sont déjà entrés dans la culture populaire. Ceux ayant vu le film pourront se remémorer les nombreuses répliques en attendant la suite qui ne manquera pas d’explorer d’avantage cet univers qui ne manque pas de nouveaux éléments à introduire.