En général, deux critères prévalent pour juger un film d'animation : sa qualité graphique et son sens narratif. On peut éventuellement y ajouter la prestation vocale des comédiens et c'est un aspect que l'on peut retenir dans Les hirondelles de Kaboul avec le trio Simon Abkarian, Zita Hanrot et Hiam Abbass, tous remarquables. Le film est-il moins crédible parce que les personnages s'expriment en français et non en Dari ? L'argument n'est pas recevable. Sur le plan de l'animation, les avis peuvent en revanche diverger, la douceur d'aquarelle du film et sa joliesse contrastent assez fortement avec le propos, mais cela peut-être aussi considéré comme un contrepoint intelligent. Sur le fond, impossible de ne pas adhérer à cette évocation du régime des talibans, notamment dans son oppression atroce des femmes. Il est quand même possible d'émettre des réserves sur la narration en tant que telle qui prend beaucoup de temps lors de la partie d'introduction avant de s'animer, c'est le cas de le dire, dans la deuxième moitié du film. Deux personnages sont privilégiés par le récit : l'héroïne, symbole de la liberté martyrisée et le gardien de prison qui représente l'homme digne et doué de raison. Les seconds rôles, si l'on ose dire, sont moins bien lotis, pas loin d'être caricaturaux, en tous cas sans nuances, dans le camp du mal. Pas de quoi accuser Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec de manichéisme mais il manque de la profondeur dans le caractère des différents protagonistes. Il est vrai que l'essentiel est ailleurs, dans cette histoire simple et universelle qui bien qu'ancrée dans le passé rappelle que nombreuses sont encore de nos jours les sociétés dictatoriales où le droit de penser et de s'habiller librement n'est pas préservé.