Très loin du film coup de poing anticipé, voilà un film qui m'a laissé perplexe. S'il s'avère être plutôt divertissant et efficace (le dernier mouvement surtout est très réussi), il n'est jamais qu'un remake non avoué de La Haine, le panache et l'inventivité de la réalisation de Kassovitz en moins. Mêmes décors, mêmes situations, mêmes antagonismes, même violence et bêtise crasse dans les deux camps (les flics abusent de leur pouvoir, les jeunes de cité tuent leur ennui en faisant des conneries), même montée d'une tension dont le crescendo aboutit au chaos programmé ; même le plan final, avec son geste mortel laissé en suspend, est respecté.


En 25 ans, rien n'a changé dans les banlieues chaudes. Voilà ce que semble vouloir nous dire le film. OK. Dommage qu'il accompagne ce constat amer par celui, plus décevant, que le cinéma engagé n'aurait lui aussi rien de mieux à offrir qu'une redite sans doute sincère mais formellement palote, trop dans l'ombre d'un indépassable prédécesseur.

AlexandreAgnes
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Festival La Rochelle Cinéma (2019)

Créée

le 2 juil. 2019

Critique lue 773 fois

4 j'aime

10 commentaires

Alex

Écrit par

Critique lue 773 fois

4
10

D'autres avis sur Les Misérables

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

Les Misérables
guitt92
5

La haine c'était mieux avant

"Les misérables" est certes un constat d'urgence, un geste politique important qui mène à une conclusion pessimiste et sombre, beaucoup plus qu'il y a 25ans. OK. Mais je suis désolé, ce n'est pas du...

le 20 nov. 2019

124 j'aime

23

Les Misérables
Velvetman
7

La Haine

Ce n’est que le deuxième jour du Festival de Cannes 2019. Cependant, un souffle de fraîcheur surgit précocement. Les Misérables de Ladj Ly fait l’effet d’un immense coup de boutoir aussi rare que...

le 13 nov. 2019

88 j'aime

1

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

53 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

48 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime