Ayant parfaitement saisi tout le potentiel que représentaient ces pingouins, personnages secondaires de Madagascar, les studios Dreamworks avaient donc décider de lancer leur "spin-off", testant ainsi leur capacité comique sur un film entier. Au final, elle est limitée.

Mais d'où vient, au juste, ce potentiel ? Et bien peu à peu, leurs caractères, leurs dialogues, leurs mimiques sont devenues cultes, au point de voler la vedette à Marty et consorts. Mais ici, il ne sera pas question d'évoquer les personnages (tout de même un peu plus attrayants) de Madagascar : place à une histoire neuve, indépendante, mais surtout totalement frénétique.

Il suffit d'une scène pour comprendre l'intérêt des suivantes : au début du film, les pingouins sont encore jeunes et s'émancipent gaiement de la "tribu", jusqu'à... un œuf, élément anodin qui prend alors une ampleur phénoménale, les transportant dans une folle succession de cascades et de courses-poursuites. À peine le temps de distiller quelques références à La Marche de l'Empereur ou aux films d'actions à gros budgets, que nos protagonistes se retrouvent face à un nouvel élément d'intrigue, là encore incongru et délirant. C'est un peu toute l'ambition du duo de réalisateurs Simon J. Smith/Eric Darnell : ne laisser aucun temps mort au récit, supplanter l'ennui par la frénésie, quitte, parfois, à suggérer l'overdose. D'autant que les gags distribués sont aléatoirement drôles, et qu'il suffit d'un instant pour que le scénario, moins hilarant que prévu, ne bascule à nouveau dans une scène d'action débridée, aussi réussie soit-elle.



Le paradoxe vient alors de ce dont souffre un trop grand nombre de films d'animation (l'académisme, évidemment), et à cette excitation visuelle vient adhérer un décevant conformisme. Une sorte de bien-pensance chère à ce genre de production mais dont on aurait aimé qu'elle soit, à la manière de La Grande Aventure Lego - hanté par cette même idée de cinéma, mais bien meilleur à la comparaison -, utilisée à meilleur escient. L'un des pingouins va alors souffrir d'une crise identitaire (mouais), un autre va tomber amoureux (scène du "Et voici..." ; ralenti ; musique ; plan sur le prétendant exaspérante), tandis que le méchant sera, encore une fois, motivé par une soif de vengeance due à un traumatisme antérieur. Vu et revu.

Ne justifiant jamais correctement l'existence d'un long-métrage dédié à ses personnages, le film aboutit alors à un invraisemblable final, joyeusement dégénéré, mais rapidement usant. Après avoir fait le tour du monde (Shangai, Venise...) et voyagé sur des engins spatiaux ou maritimes extravagants, les pingouins reviennent à leur point de départ et au zoo qui les a vu commencer, à New York. Bel hommage mais triste constat, la nostalgie du premier Madagscar nous guette.
critikapab
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le 17 déc. 2014

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