No Country for Michael Lonsdale

Les habitués du cinéma de Bouli Lanners seront en terrain connu. Un décor rural, un grand angle, de longues routes filmées en contre plongé, des ciels immenses et menaçants, des grosses bagnoles américaines et un rythme lent et mélancolique.

"Les premiers les derniers" semble se dérouler dans un monde parallèle. Une sorte de monde fantasmé, terriblement cinématographique, quelque part entre le Far West et la Belgique. Un monde pré-apocalyptique qui semble avoir été déserté de ses habitants. Seuls quelques personnages bourrus probablement échappés d'un film d'Olivier Marchal errent encore dans ces zones industriels désaffectés. Parmi eux, un duo de Chasseurs de prime tout en poil à la recherche d'un téléphone et un couple de SDF paumés à la recherche d'une petite fille vont se croiser. On retrouvait déjà plus ou moins ses personnages dans Eldorado, un des précédents film de Bouli Lanners.

J'aime bien le style de Bouli Lanners. Mais si on ne peut pas reprocher grand chose à son talent de réalisateur, je suis navré de constater que l'on ne peut pas en dire autant sur l'écriture. Ce n'est pas que l'histoire est trop simple, ça on s'en fout. C'est juste qu'elle manque d'enjeux. Les deux chasseurs de primes qui vont se retrouver face à la preuve d'un meurtre, ça aurait pu amener quelques scènes de tensions bien sentie. Un truc à la "No country for old men" avec une poignée de tueurs lancés à leur poursuite. Mais non, le personnage de Bouli Lanners règle le problème de la manière la plus simple qui soit. "T'as qu'à l'envoyer chier" dit-il à Dupontel. Et voilà ! Un petit coup de téléphone et le problème est résolu.

C'est dommage car au lieu d'avoir une ambiance pesante, le film se colle au contraire une ambiance lente et molle de la fesse. C'est très beau, mais un peu chiant...