Les proies du titre, ce sont ces femmes, dames et demoiselles nées dans l’Amérique du XIXe, destinées à être de belles fleurs décoratives dans leurs grandes robes à crinoline, toutes occupées de broderie et de français. La guerre de Sécession en a décidé autrement. Devenues des proies dans un monde d’hommes et de soldats, les voilà qui doivent opérer, cultiver la terre, manier les armes. En un mot, survivre.
Dans ce monde de femmes, l’irruption d’un homme désarticule pour un temps la belle sororité en attisant les convoitises. Toutes tombent sous le charme du charmant soldat yankee si vulnérable. Les liens de cohabitation, d’amitié et d’amour vont se tisser et se renforcer, jusqu’à la faute. Et au point de non-retour.
Impossible de ne pas penser à Autant en emporte le vent, dans ce décor de grandes maisons blanches à colonnades. Mais un Autant en emporte le vent étouffant, vénéneux, à la sensualité trouble, où l’espace est envahi par les lianes et la végétation. La torpeur avant la tempête. Dans cette atmosphère ouatée, les héroïnes de Sofia Coppola dégagent pourtant par contraste une grande énergie et une volonté de s’en sortir.
Comme Scarlett O’Hara, elles cultivent le coton de leurs propres mains et ne reculent devant rien pour se protéger les unes les autres. Servi par un panel d’actrices éblouissantes, de Nicole Kidman grandiose en femme forte qui se rêve fragile à Kirsten Dust en bombe de désir à retardement, Les Proies devient finalement un hommage à leur courage et leur résilience.
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