Tati n'est plus facteur et pas encore mon oncle.
Il ne ridiculise plus l'américanophilie, mais ne se moque pas encore de la société de consommation, de la course à la technologie, de l'asservissement par le "progrès".
M. Hulot, qui apparait ici pour la première fois, est un excentrique lunaire et décalé qui par ses maladresses bouscule tous les stéréotypes et les conformismes d'une microsociété fondée sur des conventions superficielles. Il est donc normal que ce film ne plaise pas à tous.
Pour nous présenter cette société de vacanciers, Tati commence son film en nous présentant une foule qui obéit comme un troupeau de moutons aux hurlements incompréhensibles d'un haut-parleur, et finit en nous montrant les vacanciers qui se quittent en échangeant leurs adresses et leurs numéros de téléphone, se promettant de se revoir hors vacances. L'original M. Hulot n'est pas accepté par cette communauté.
Le film est parlant, mais les paroles sont très rares et souvent inaudibles, ou marmonnées pour être incompréhensibles. Tati cherche à faire ressortir l'absurdité des comportements par des gags purement visuels, un peu comme nous observons le ridicule de certaines poses lorsque nous coupons le son du téléviseur.
Pour Tati, le cinéma est avant tout l'art de l'image. Il complète par les sons, sans dialogues.
Pour comprendre mon titre, il faut s'intéresser au second personnage du film, celui qui intéresse M. Hulot. On voit arriver dans la petite station balnéaire une grande fille athlétique, un peu rigide, habillée de façon stricte, avec des nattes blondes enroulées sur les oreilles. J'avais pris cette walkyrie pour une touriste teutonne jusqu'à ce que sa tante l'appelle Martine.