Oui, Les valseuses c'est, au-delà d'un titre déjà fort, une pelletée de répliques cultes. Dès qu'on entend sorti de la bouche de Depardieu le fameux « pas de doute possible, nous sommes bien en France », pas de doute possible, on est bien face à de la bonne came. Dès le point de départ on est foutu la tête dans le guidon. Les gaudrioles s'enchaînent avec des pataquès telles qu'on en redemande, jusqu'à jusqu'à...
Une baisse de tension générée par une fermeture passagère à la fanfaronnerie, vite de retour pour terminer l'histoire en beauté capillaire déposée sur la soupe. Pendant ce temps, Blier creuse un autre registre, plus lourd, plus dramatique, plus cérébrale. C'est l'apathie et la léthargie du bourbier, de la planque à la campagne et des attentes vaines. Des personnages face à rien de plus que le vide d'une ville et d'une vie fantômes, érigés sur du vent. Poussières d'escampette, poudres explosives, elles divaguent jusqu'à un acmé où aucune leçon n'est tirée, où tout est laissé en plan, en suspens, pour ne rien lâcher au spectateur embarqué en otage dans leur cavale.
Chaotique, comme le jeu de quelques seconds couteaux, franchement approximatif, amateur (dans le mauvais sens du terme) et forcé. Et si ce n'était vrai que pour les clowns de second plan... mais c'est d'autant plus dommage pour un des acteurs principaux : Jacques Chailleux. Pour un film qui s'appuie quasi-exclusivement sur les frasques de paumés et donc sur l'interprétation, ça la fout mal...
En comparaison, il manque donc à mon sens son statut de film culte à côté d'un Série Noire qui réussissait à mettre en exergue la personnalité de Dewaere tout en lui grapillant du charisme pour s'en augmenter. Ce Blier rate donc le passage à la postérité, mais demeure indispensable si l'on souhaite s'enfiler la filmographie des meilleures comédies françaises.