Manque de peau.

Dans le désert qualitatif de bons programmes que la TNT nous infligeait en ces grandes vacances 2019, on trouvait heureusement quelques pépites de talent comme ce film que Arte proposait, assez curieusement en deuxième partie de soirée et après "Mais qui a tué Harry" qui comme chacun ne le sait pas, était lui d'Hitchcock.
N'en déplaise à ce dernier et à ses admirateurs inconditionnels, le suspense ce soir-là était dans ce film-ci réalisé par Georges Franju, injustement un peu oublié de nos jours... Lors de sa sortie, cette histoire, qualifiée d'horreur ou d'épouvante et interdit aux moins de 18 ans, était apprécié (ou désapprouvé) par le public au même titre que ses rivaux genre "Frankenstein" touchant eux aussi à la métamorphose du corps humain...
Le suspense était donc côté Franju avec cette femme au visage défiguré dont on ne sait trop si elle va retrouver une apparence normale ou pas. Les choses n'ont guère changé de nos jours avec la chirurgie esthétique dont bien des comédiennes ont regretté y avoir eu recours. Le climat d'anxiété est parfaitement établi, la mise en scène apporte tout ce qu'il faut d'épouvante comme les scènes de chirurgie sanguignolente à souhaits, et le scénario subtil construit à partir du roman du tandem Boileau-Narcejac n'est certainement pas étranger à la réussite de cette aventure dramatique.
L'interprétation du tournage est très théâtrale avec des comédiens rompus à la scène...
Pierre Brasseur est impérial, mais son fils ne joue encore que les utilités. On retrouve aussi une égérie de Franju :Edith Scob, dont on a bien peu entendu parler de la disparition récente à 81 ans (juin 2019) mais aussi présente qu'efficace dans de nombreux seconds rôles,même récents...
L'ambiance dans laquelle baigne le spectateur est superbement glaciale mais peut-être ce film était-il trop en avance sur son époque, et rappelait-il trop les expériences chirurgicales nazies de la guerre 39/45 ?
Qu'on aime ou qu'on déteste, ces yeux-là sont à voir...
Arte le 19.08.2019