Cette année 2013 n'aura pas franchement été faste en terme de divertissement, de blockbuster attachants qui nous font rêver au cinéma. Entre un Iron Man 3 déroutant dans le mauvais sens, un Man of Steel décevant et un Wolverine juste sympatoche, seul Pacific Rim peut se targuer de nous en mettre plein la vue malgré une histoire et des personnages qui ont du mal à exister hors des combats. Les blockbusters d'aventure et d'action deviennent des exutoires de studio qui pensent que ces films doivent être décérébrés à coups de réals énervés et irritants, sans penser que le public raffole des histoires de justicier et de beau cinéma. Et arriva Verbinski sur son beau cheval blanc.
Attention, je ne vais pas jusqu'à dire que Lone Ranger est une merveille de blockbuster, comme on en avait pas vu depuis une décennie. Simplement que Lone Ranger part d'un constat simple qu'on avait pas mal oublié: faire du cinéma, du vrai, avec des beaux mouvements de caméra, un plan qui ne sautille pas toutes les trente secondes et qui ne tremble pas. Ça peut rendre le film pénible pour certains, parce que Verbinski ne va pas faire du shake cam à la moindre scène d'action pour montrer que ça bouge. On ne le faisait pas il y a dix ans et ça marchait très bien. Et ça marche toujours encore. Au-delà d'une histoire chouette à suivre avec des personnages hauts en couleur, Verbinski prouve qu'il sait encore s'amuser dans le rôle du metteur en scène et propose de magnifiques décors, des poursuites à cheval endiablés et une réelle maîtrise de l'espace comme on en voit plus aujourd'hui. Il suffit de regarder la dernière scène d'action avec les deux trains, complètement improbable mais ô combien jouissive, avec cette musique qui colle parfaitement, cette chorégraphie parfaitement maîtrisée et cette réal enlevée. Un vrai plaisir de cinéma, que je n'avais pas eu depuis longtemps sur une scène d'aventures.
Evidemment, le film n'est pas exempt de défaut. Il a quelques longueurs un peu poussives et une construction de l'histoire qui peut partager, avec allers-retours incessants et une volonté de découper son film proprement, comme un certain Pirates des Caraïbes. On notera un Armie Hammer attachant mais sans plus, mais un Johnny Depp plus en retenue que d'habitude et qui arrive encore à surprendre par moments. Le film ne souffre d'aucun véritable défaut, et convaincra seulement par ses qualités qui fonctionneront par goût personnel. Dommage que le film ne fonctionne pas avec le public, c'est probablement l'un des meilleurs blockbusters de cette année.