En plus d’avoir un physique quasi parfait et d’être bon acteur, Ryan Gosling se la joue aussi réalisateur. Alors que l’an passé, James Franco présentait As I Lay Dying sur la Croisette, cette année Gosling débarque dans le cadre d’Un Certain Regard avec Lost River.


Un acteur qui devient réalisateur suscite souvent la curiosité, mais provoque aussi le scepticisme de la presse avec la crainte d’un buzz non justifié et plus marketing qu’autre chose. Il suffit de quelques minutes à Lost River pour balayer toutes nos inquiétudes et réticences. Le premier film de Gosling est un choc. A l’image de sa carrière d’acteur, il surprend à chaque plan en présentant un objet cinématographique étrange, étonnant et risqué. L’acteur/réalisateur américain mise gros et ça paye.


Lost River est hypnotique. C’est un film lyrique, morbide, glauque, irréel et complètement barré qui prend vie à l’écran. On ne sait plus où donner de la tête tant chaque plan nous en met plein la gueule. Il ose tout et presque n’importe quoi, ce qui est plutôt culotté pour un premier film. Une fois l’objet fini devant les yeux, on se dit que Gosling, en plus d’être brillant, est sérieusement attaqué du ciboulot. Lost River se profile comme une incursion dans l’inconscient du jeune cinéaste. Chaque plan surprend, entraîne le public dans une direction qu’il n’imaginait pas. Il joue avec le feu et n’a pas peur de se brûler. Entre poésie et cauchemars, le récit est constamment en équilibre.


Le scénario, qui tourne autour d’une famille américaine faisant face à la misère et à leur ville mourant peu à peu, n’a au final pas vraiment d’importance. Tout repose sur l’esthétique de la photographie et la performance des acteurs. Rarement ville morte n’aura été aussi envoûtante au point que certains décors semblent sortir d’un monde imaginaire. Ultra-référencé (Stanley Kubrick, Dario Argento, David Lynch…), Lost River apparaît comme un méli-mélo d’images et de sons mixant tout un tas de styles cinématographiques pour donner un objet unique. Tout comme il redonne naissance à des images déjà utilisées par d’autres (maisons délabrées, visages déformés, feu…) sans jamais tomber dans le cliché. Le film doit énormément à son directeur de la photographie, Benoît Debie, qui aide le jeune cinéaste à offrir une oeuvre où chaque plan vient s’ancrer dans l’inconscient du public.


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EmilieLefort1
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le 10 sept. 2017

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