Ç'aurait pu être chouette. Mais c'est juste bof.
L'intrigue est très maigre. En soi, l'idée n'est pas mauvaise : déjà vue un paquet de fois, c'est le point de vue qui doit faire l'originalité. Et ce n'est pas inintéressant. Mais ça manque de couilles et de foutre... les personnages sont très anecdotiques, à peine écrits, ce qui donne lieu à des scènes plus que convenues et à un aspect relationnel superficiel dont on se passerait volontiers.
Le point de vue des méchants : l'auteur ne s'en sert pas tellement, à part pour bien indiquer qu'ils sont méchants. Il aurait été plus intéressant de placer le spectateur du côté de ces individus, non pas en tentant d'y insuffler un drame mais simplement en s'autorisant à explorer leur personnalité et à nous faire tenir avec eux lorsqu'ils ont un conflit à résoudre. Ici que nenni, aucun des obstacles qu'ils doivent franchir pour accomplir leurs méfaits ne fait naître une quelconque tension. Et même les querelles de couples ont un je ne sais quoi de soporifique sur la longueur.
Le point de vue de la kidnappée : y a pas grand chose à en dire, les victimes morflent. L'auteur a la délicatesse d'ellipser ces passages, il faudra donc se contenter de cris. En un sens c'est bien parce qu'on évite le misérabilisme. Mais d'un autre côté, cela révèle à nouveau l'incapacité des auteurs d'aller au bout de leurs idées, si bien que l'on ne ressent pas tellement les atrocités vécues par les victimes, au-delà de quelques tâches de sang, de quelques bleus et d'un godemichet toujours si impeccable qu'on se demande s'il a vraiment servi.
Le point de vue des parents : bon là c'est la grosse blague, on s'en fout complètement. L'auteur veut pourtant faire passer le message que la mère est bel et bien là pour sa fille, il raconte leurs retrouvailles en fait (et on peut même voir ce kidnapping comme un rituel permettant à l'héroïne de grandir, de devenir une femme, après tout il y a de fortes chances qu'elle ait perdu sa virginité au cours de son petit séjour de vacances dans cette charmante banlieue). Et donc l'évolution, les rapports familiaux, tout ça passe un peu à la trappe.
Non seulement le récit est très peu nourri mais en plus l'auteur ne fait pas grand chose des quelques éléments introduits : le chien ne sert qu'à deux reprises, les prêteurs d'argent ne reviennent qu'une fois (et on se demande même si c'est bien le même type tant il a l'air moins méchant que la première fois). C'est dommage.
Il reste quelques scènes pas inintéressantes mais bon... beaucoup d'ennui aussi. Notons également un symbolisme fort présent : avions/oiseaux (le désir de se libérer?), lignes haute tension, images en méga ralenti (pour signifier la fragilité du moment présent, la futilité de la vie?)... sauf qu'on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir au final tant c'est peu exploité et inséré un peu n'importe comment. Je ne sais pas... peut-être que l'auteur sait ce qu'il a voulu dire, tant mieux pour lui.
La mise en scène est correcte. J'espérais mieux. Les ralentis sont jolis mais on se rend vite compte qu'il n'y a pas grand chose d'autre pour créer une ambiance. Et une fois en intérieur, ses ralentis ne suffisent plus, comme par exemple lorsque la nana danse avec les vêtements de sa victime. Ç'aurait pu être sympa mais le réal veut en faire trop avec son ralenti et on s'emmerde parce qu'on se rend compte que c'est vide, qu'il ne se passe rien et que le plan n'est pas si joli que ça.
Le découpage et le montage restent efficaces : ne fut-ce que le début, en quelques plans, le réal fait bien comprendre ce que les victimes subissent ; certes, ce n'est pas très subtil, mais ça fonctionne. Les morceaux pop choisis sont assez bons, fonctionnent bien avec la tonalité du film, ajoutent même un plus.
Les acteurs ne sont pas mauvais, mais au bout d'un moment ce manque d'écriture devient gênant. On sent que les acteurs n'ont pas grand chose à proposer pour étoffer leur rôle et c'en devient vite ridicule. D'ailleurs j'ai un peu rigolé quand les parents sortent de la voiture au ralenti à la fin.
Bref, ça se regarde, la première moitié est même un peu captivante, en revanche la seconde ennuie franchement une fois qu'on a compris qu'il ne va rien se passer, que l'auteur a déjà joué toutes ses cartes.