Lucy
4.7
Lucy

Film de Luc Besson (2014)

Deux films composent Lucy, l’un s’attardant sur les théories pseudo-scientifiques d’une exploration et exploitation intégrales du cerveau humain, l’autre se construisant comme un déferlement d’action où la femme bessonienne combat les méchants asiatiques de noir vêtus. De ces deux versants d’une même médaille, force est de constater que l’harmonie peine à naître ; et là où le premier versant se vautre dans une balourdise qui pousse le film à enchaîner les invraisemblances et autres dei ex machina – Lucy devient alors aussi fumeux que fumiste –, le second ne recule devant rien pour assommer le spectateur et, du même coup, garantir son spectacle. Car Lucy semble se moquer de tout et fonce tête baissée dans l’action réalisée avec un talent certain : cascades impressionnantes, prouesses visuelles, prestation convaincante de Scarlett Johansson. Il suffit de voir la course-poursuite en plein Paris pour se rendre compte de la maîtrise de Besson sur la mise en scène. Seulement, de belles images ne sauraient suffire, et l’ensemble souffre du grand n’importe quoi théorique où rien n’est creusé ni développé. Il est paradoxal qu’un film obsédé par la réflexion sur le cerveau s’acharne, avec une telle prestance, à désactiver le cerveau de celui qui le regarde. Et de cette hypocrisie congénitale découle un sentiment de profonde vacuité qui, derrière l’avalanche de plans surchargés, touche le Néant. On pourrait dire qu’ainsi Besson atteint un point de non-retour et épouse la matière de son sujet (le vide, le rien). On pourrait dire plutôt qu’il n’a pas pris le temps nécessaire pour transformer son idée en scénario. S’ensuit une collection de scènes efficaces, comme des cellules qui ne s’agrègent jamais au corps blockbuster qui les régit pourtant. Dommage, donc, que le métrage ne réussisse que peu à ressouder ses cellules éparses en un même tout homogène qui, seul, aurait permis de le changer en vision cinématographique pertinente. Reste un écrin technologique audacieux à l’effronterie visuelle somme toute originale.

Créée

le 2 août 2019

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