M est une histoire d'A. Du genre fusionnel, qui ne tolère pas les faux semblants. Mais ce n'est pas une comédie romantique. Du tout. Pas une comédie parce que c'est une histoire dont les protagonistes sont une bègue et un analphabète (à l'écrire, cela a l'air stupide, mais pas en le voyant) et quant au romantisme, pourquoi pas, dans une acception moderne du terme avec un prisme social très prononcé. Le premier long-métrage de Sara Forestier correspond à ce que l'on pense savoir d'elle (la femme autant que l'actrice) : entier, gonflé, abrupt, généreux et sincère. Le film est assez démonstratif aussi et il aurait sans doute gagné à faire preuve de davantage de subtilité mais qu'importe, Sara Forestier raconte cet amour comme une grande aventure qui se confronte à des obstacles insolubles alors elle y va et il n'est pas question pour elle d'ouvrir le robinet d'eau tiède. Et puis la réalisatrice s'est trouvée une interprète de choix dans le premier rôle, à savoir elle-même. C'est peu dire qu'elle se met en danger et qu'elle oublie tout glamour, ce qui a d'ailleurs été rarement une obsession pour elle. En osmose, Redouanne Harjane tient parfaitement la comparaison. Le duo, pas évident au départ, est parfaitement crédible.