MA LOUTE (11,9) (Bruno Dumont, FRA, 2016, 122min)
Ce polar burlesque décevant nous embarque vers la Baie de la Slack dans le Nord de la France début 1910, là où la famille bourgeoise Van Peteghem prend ses quartiers d'été. Mais pendant ces vacances là, de mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L'improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l'enquête. Bruno Dumont réalisateur de l'étonnant "L'humanité" (prix d'interprétations et Grand Prix du jury en 199), le radical "Flandres" (Grand Prix du jury 2006), l'épuré "Hors-Satan" (2011) revient à Cannes dans le prolongement de sa série insolite "Ptit Quinquin" en 2014 avec beaucoup d'attente et d'espoirs de faire partie du palmarès. Le réalisateur nous offre un film multi genres, foutraque, mêlant la farce, la comédie policière loufoque, le cannibalisme, la romance, le fantastique, le mystique, avec une mise en scène très stylisée et maîtrisée mais sans génie. Cette satire trop longue s'appuie sur une magnifique photographie faisant penser aux cartes postales d'antan pour déployer un scénario qui se veut irrévérencieux mais finalement tombe à plat. Malgré l'esthétisme soigné la mise en image brillante cette comédie boursoufflée s'essouffle peu à peu avant de s'ensabler dans le grotesque. En dépit d'une bonne volonté de faire rire de façon décalée en lorgnant vers le cinéma de Jacques Tati, Buster Keaton, l'esprit d'Alfred Jarry et de Tardi en faisant chuter abondamment tous ses personnages, l'abondance des gags répétitifs, les performances surjouées de Fabrice Luchini bourgeois déjanté entre le bossu de notre dame et Aldo Maccione, Juliette Binoche pieuse excentrique et Castafiore, Valérie Bruni Tedeschi complètement perché, entourés par des acteurs amateurs aux forts accents nordistes pas toujours compréhensifs la mayonnaise fini par elle aussi choit devant nos yeux ébahis devant certaines imbécilités. L'outrance parfaitement voulue, assumée, surannée devient lassante, nous empêche de nous attacher vraiment aux héros, il manque également un vrai enjeu dramatique que nous promettait cette enquête insolite dans les premières minutes du film réussies. Le vent a beau souffler magnifiquement sur la côte d'opale, pour nous faire découvrir la pépite transgenre Raph, cette lutte des classes commence par marée haute se finie à marée basse, sans fond...Venez déguster cette dinguerie qu'est "Ma Loute". Délirant, monotone et artificiel.

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le 23 sept. 2016

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