C'est assez souvent que subsistent des sentiments contradictoires (frustration et enthousiasme), à la sortie d'une projection d'un film de Xavier Dolan, dont on peut toujours dire qu'il est un jeune prodige, puisqu'à moins de 30 ans il a déjà signé 7 films (très bientôt 8). Dans ce cinéma, qui est tout sauf indolent, on ne sait encore quelle place aura Ma vie avec John F. Donovan. Celle d'un grand film "malade", sans doute, puisque la première version présentée en salles ne fait pas les 4 heures escomptées mais deux fois moins. Les coupes que Dolan a dû faire ont nécessairement un effet sur le montage de son film qui apparait à la fois complexe, boursouflé et elliptique. Le principal problème est d'accepter le noeud de l'intrigue : ces échanges épistolaires entre un gamin et un acteur de séries confronté à la célébrité et à l'impossibilité de révéler la vraie nature de ses orientations sexuelles. Segmenté en trois récits qui se nourrissent tant bien que mal, le premier film en langue anglaise du cinéaste québécois brasse des thèmes familiers de son univers : la solitude, l'homosexualité, la notoriété et, bien entendu, le rapport à la mère. Ce n'est pas un hasard si Natalie Portman et Susan Sarandon sont admirablement filmés dans Ma vie avec John F. Donovan et dégagent davantage de charisme que Kit Harington (décevant), bien que Dolan ait déjà dessiné des portraits de femmes plus puissants, dans le passé. Le film souffre d'un excès de lignes narratives et de pas assez de limpidité mais, en contrepartie, le style de Dolan est toujours aussi efficace, romantique et romanesque, naïf et matois, narcissique et altruiste. Tout ces côtés, agaçant et stimulant à la fois, que l'on reconnait à Dolan depuis J'ai tué ma mère et qui en font, malgré tout ce qu'on peut lui reprocher, un réalisateur unique dont on ne peut s'empêcher d'attendre chaque nouvelle livraison avec impatience.

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le 14 mars 2019

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