Ma vie avec John F. Donovan par Christine Deschamps

Bon, ça y est, je trouve qu'il est temps que Xavier Dolan se renouvèle. C'est peut-être ingrat de ma part, vu que j'ai bien aimé ses films précoces, jusqu'à ce que Tom à la ferme me perde. J'espérais que ça serait provisoire, parce que j'aime mieux voir des films qui me plaisent, quitte à faire. Mais là, j'ai un peu subi cette histoire qui m'a évoqué plutôt le téléfilm tiré de La vérité sur l'affaire Harry Québert (de triste mémoire, en ce qui me concerne) que Mommy. D'ailleurs, j'y ai retrouvé avec un certain déplaisir l'acteur qui y tenait le rôle du jeune romancier... dans le rôle d'un jeune romancier. Honnêtement, il avait démontré qu'il n'était pas très apte à incarner un personnage avec une grande intériorité, pourquoi remettre ça ? Mais bon, bref, ça aurait pu passer au milieu d'un casting plutôt sympa si la deuxième référence qui m'est venue à l'esprit n'avait été Pedro Almodovar. Pas dans ce qu'il avait d'échevelé, créativement parlant, mais plutôt dans sa manière plus récente de ressasser encore et encore les mêmes thèmes, dans des histoires qui finalement ne parlent que de lui. C'est un peu l'impression que j'ai eue ici : que les rôles secondaires (notamment des actrices) n'étaient là que pour servir de faire-valoir aux facettes multiples du véritable héros, le réalisateur, projeté dans les deux protagonistes de l'histoire sous des formes différentes mais finalement assez proches. Au point de carrément sacrifier le rôle de la nana qui partage la vie du protagoniste, mystérieusement effacée dans le déroulement de l'histoire, comme par magie. Ajoutons à cela les procédés cinématographiques appuyés et on obtient une désagréable impression de complaisance qui ne permet pas au film de nourrir quoi que ce soit de déterminant chez le spectateur. Peut-être qu'en France, on est moins sensibles aux brimades subies par les homos parce qu'on vit dans une société plus tolérante ?

Après, j'imagine que des tas de gens seront prêts à défendre l’œuvre becs et ongles, et c'est tant mieux, mais moi, j'ai attendu la fin avec impatience, à vrai dire.