De Mad Max: Fury Road je n'avais vu que les trailers, qui m'intriguaient très fortement. Je n'ai rien lu dessus, espérant entrer dans la salle de cinéma avec l'esprit le plus vierge possible. A l'issue de 2 heures diablement bruyantes - non Pif c'est pas de ta faute (y'avait pas d'odeur suspecte après tout...) - alternant vroum vroum surpuissant et Junkie XL énervé, que dire ? George Miller, 70 balais au compteur, a du budget et il ne s'est rien refusé. Un moment que Fury rôde pourtant. Souvent, c'est mauvais signe. Mais des concessions, Miller, il n'en a cure. Et c'est après une longue gestation, quand enfin Fury osa, que Fury bon, fut.


Déjà, l'action est lisible en toutes circonstances, en ces temps parkinsoniens, il s'agit là d'un premier constat fort agréable. L'ambiance est survoltée, les poursuites dantesques. Malgré quelques effets un peu en dessous (c'est quoi cette introduction en mode Benny Hill ?), le film nous propose un travail somptueux sur les couleurs et la photographie en général. L'ensemble conduit indubitablement à la création d'un univers post-apocalyptique au rendu impeccable. Et plutôt varié, magnifique performance qu'il est bon de souligner. Pour le reste, un chassé-croisé à toi à moi avec une grosse citerne et des bombes à la clé, une histoire de fluides (essence, eau, sang) assez convenue et sans grande surprise. J’aurais aimé un peu plus de créativité, ou une mythologie plus développée de ce côté-là. Miller nous garderait-il tout ça au chaud pour la suite des évènements ?


Mais trêve de blabla, place à la pièce de choix. Car puisque tout le monde en parle, disons-le tout net: Max est furieux, et quand Hardy sonne la charge, on peut dire "Salut les terriens !". Reste une semi-déception. Si son jeu tout en mutisme et en râles est crédible au vu du rôle, et la stature de l'acteur aidant, il m'aura tout de même fait penser à sa performance dans le dernier Batman tout au long du film (le masque du début n'est sans doute pas étranger à cette impression, dois-je dire). Un peu juste certes, pas de quoi le mettre à la benne, pour autant, je l'ai trouvé sans éclat, ce qui me fait assez de mal rien qu'à l'écrire, tant j'estime que ce brave Tom est tout simplement l'un des meilleurs acteurs actuels. Max peine un peu mais rassurez-vous, il n'y aura pas de "boulette time". Il faut dire que même de nuit, il demeure badass et inquiétant. La nuit des Max, all over again. A voir sa moue, on croirait un gosse que l'on aurait privé de désert.


De son côté, Furiosa irradie la pellicule de son regard perçant. Tellement moignonne et charismatique que les bras m'en tombent. Charlize semble tenir le rôle si facilement, un bras dans le dos, à l'aise. Même au milieu de nulle part, elle connait du monde: elle a le bras long. Qu'elle soit à deux doigts de la mort, qu'elle soit actrice de l'un des nombreux rebondissements prévisibles auxquels on aura droit (mais on s'en fout non ? L'essentiel est ailleurs), elle est à la fois forte et gracieuse (et belle). Plus d'une fois, j'ai eu envie de lui crier: "Charlize, t'es bonne !". J'entends murmurer qu'une suite centrée sur ce personnage serait en préparation, autant vous dire que je signe de suite ! Hugh Keays-Byrne, quant à lui, est de retour plus de 30 ans après avoir incarné Toecutter. Cette fois il sera Immortan Joe, leader au design qui se situe quelque part entre le grotesque et le génial. On notera enfin de nombreuses idées bien classieuses, comme le "guitareflammiste" d'exception, pour ne citer que lui.


On pourra toujours s'interroger sur les aspirations du réalisateur à reprendre le flambeau plus de 30 ans après la trilogie originelle. Etait-ce bien nécessaire ? Les plus sceptiques (sur)alimenteront la polémique. Quant aux autres, ils pourront toujours reprocher à Mad Max: Fury Road son trop plein de tout. Une générosité, dans l'action notamment, qui pourra fatiguer. Dans mon cas, il n'en est rien. Si le film peut sembler creux, il a le mérite de montrer de l'action frénétique comme on n'en voit presque plus, le tout dans un superbe écrin. Je n'en demandais pas plus, ou si peu. J'espère juste que les producteurs garderont le Miller pour la fin.

Gothic
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le 17 mai 2015

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