Lorsqu'un film me mène par le bout du nez, comme le fait ici (une fois n'est pas coutume) l’œuvre de Park Chan-Wook, je m'attends à ce qu'il me laisse au moins le plaisir de savourer en finish une apothéose, pour optimiser tous ces moments éprouvants où j'ai appuyé sur "pause" parce que j'avais peur que le film prenne une direction qui ne me satisferait pas. Mais l'apothéose vint, comme écrit justement dans une bien meilleure critique de ce film, au moment de la scène de la fuite du palais par les deux jeunes femmes, et alors, la récompense, malgré la satisfaction, devient maigre. La scène finale m'a laissée de marbre. Je crois que Park Chan-Wook voulait nous montrer que la sexualité peut être émancipée quand les sujets sont libres, consentants, amoureux. Du coup ils peuvent s'éclater avec des boules de geisha. Très bien. J'étais déjà un peu perplexe devant ce délire pénétratif (quoique la scène de sexe totalement irréaliste et artificielle entre les deux femmes m'y avait préparée), mais qu'il choisisse d'en faire la SCENE FINALE d'un film d'une telle profondeur, j'en suis juste sans voix. Précédez ceci par un peu de torture gratuite entre deux personnages qui à ce moment précis du film sont quasi-secondaires parce que nos héroïnes sont déjà victorieuses, et vous obtenez ce qu'on appelle un pétard mouillé.


Mais franchement, sans rancune. Je n'avais pas été si subjuguée par un film depuis longtemps. Je ne crois pas qu'un réalisateur mêle le froid calculateur du thriller psychologique au drame romanesque (et romantique) avec autant de brio. Il parvient à y ajouter beaucoup d'humour aussi. Je ne sais pas si c'est parce qu'il emprunte des codes bien différents des nôtres, mais une telle versatilité, tant dans la narration que dans la réalisation, est tout à fait exclusive, à mes yeux, dans le Monde du cinéma, et cela suffit à balayer les fautes, même grossières.


8/10 +++
Une magnifique expérience.

T-Usk
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le 4 mars 2017

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T-Usk

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