Le nazisme prussien

Robert Wise était encore un jeune réalisateur lorsqu'il s'occupe de la commande Mademoiselle Fifi, ce n'est que son second film après le déjà décevant La malédiction des hommes-chats. On est alors en 1944, la guerre fait rage en Europe et, sans grande subtilité, il aborde la résistance et le nazisme en France à travers l'occupation de l'Hexagone par les prussiens en 1870.

Tout est fait pour célébrer l'esprit de résistance de la France face à l'ennemi prussien, les parallèles avec la Seconde Guerre mondiale sont nombreux et l'oeuvre montre un vrai aspect patriotique, pas loin d'être un peu lourd (notamment dans la stigmatisation de ceux qui ne résistent pas) mais jamais trop non plus, ça reste correct. Le film est court, bien trop, et Wise n'a pas vraiment le temps de bien développer les personnages, enjeux et contextes, du coup il n'y a pas vraiment d'attachement, ni d'émotion, car la mise en scène du futur réalisateur de Nous avons gagné ce soir n'est pas à la hauteur des ambitions, trop plate et convenue.

C'est dommage car cette adaptation de deux nouvelles de Maupassant aurait mérité bien mieux, surtout que le contexte de l'époque est assez passionnant mais Wise ne s'arrête pas vraiment sur les mœurs, les liens entre les personnages ou encore les particularités de cette occupation. La reconstitution laisse aussi à désirer, tant dans les décors que les costumes, le manque de budget se fait clairement ressentir. Heureusement que la jolie Simone Simon prête ses épaules frêles à cette courageuse blanchisseuse, et qu'elle est plutôt bien aidée par un casting qui se montre, lui, à la hauteur des ambitions.

Si le talent de Wise n'est pas à remettre à cause, cette adaptation est bien trop convenue, sans émotion et trop courte pour en tirer quelque chose d'intéressant. Il y a aussi la sensation qu'à aucun moment la production ne s'est mise à la hauteur de l'ambition, et c'est bien dommage car le contexte était plutôt passionnant, tout comme le projet sur le papier.