La réalité ne cache rien

Je déteste ce genre de cinéma. Ce cortège de couleurs criardes, cette photo fleurissante, ces personnages niais, ces histoires pétries d'une intention trop creuse depuis 35 ans.

J'aime Woody Allen et l'homme qui se trouve derrière. Ce pti vieux qui plait aux ptites vieilles. Ce grand enfant qui ne veut pas grandir, ou alors beaucoup trop vite. "Magic in the moonlight" ne parle pas de magie, la vie n'a pas besoin d'artifice pour nous toucher. Colin Firth, c'est toi, c'est moi, un grand sceptique qui veut tout connaître sans connaissances. Emma Stone, c'est ton envie, ta naïveté intelligente, l'étincelle qui te fait comprendre que tu penses trop pour au final ne pas arriver à grand chose de concret.
Tellement de mots et de longs discours, souvent beaucoup trop pour exprimer si peu. L'écriture de Allen ponctionne la grande cascade de ton existence pour la réduire à une flaque limpide et immobile. Tout passe par la bouche et les yeux des personnages.
Pas besoin de fignoler ta lumière et tes flares qui viennent frapper l'objectif. Pas besoin d'essayer de supprimer tes faux-raccords de mouvements lors des contrechamps. Pas besoin de placer des marques au sol pour déplacer tes comédiens. Ca n'a pas d'importance.
Tu peux bien pester et retourner ta fierté dans tous les sens Colin, tout le monde te regardera avec un oeil amusé. Tu peux affirmer ne pas croire que quelque chose d'aussi insignifiant que ça puisse te toucher, ça ne changera pas ce qui est. C'est pas toi qui décide. Un peu comme ce film.

1h38 de pas grand chose si ce n'est ce qui a déjà été dit maintes fois. Raconter avec plaisir, jamais de dessein complexe et alambiqué.

Merci m'sieur Allen