Malcolm & Marie
6.7
Malcolm & Marie

Film de Sam Levinson (2021)

Voir le film

Bon... C'était vraiment pas fameux. On se retrouve face à un énième pseudo film d'auteur produit par Netflix (d'ailleurs Levinson est un des producteurs de Pieces of a Woman, coïncidence ?).
On prend en revanche cette fois le parti du noir et blanc, certainement pour donner un aspect encore plus "film indépendant" à l'œuvre : or le vide esthétique se révèle bien vite à l'œil du spectateur habitué à la beauté de qui sait d'ordinaire utiliser le noir et blanc. On est bien loin des films noirs et de leur élégance visuelle, notamment au niveau des ombres et donc de l'utilisation de la lumière. Ici, la majeure partie du film se déroule de nuit, et donc forcément le potentiel esthétique est très élevé, malheureusement le réalisateur ne fera jamais bien plus que deux ou trois jolis plans, le reste du temps on sera face à des gros plans sur les visages et sur globalement toujours la même lumière avec aucune nuance.


Mais passons, car même si le parti pris esthétique nous laisse sur notre faim, on peut légitimement se dire que d'autres facteurs peuvent sauver le film. Malheureusement, l'autre grand vide réside dans l'écriture (ou devrais-je dire la sur-écriture des dialogues), et notamment par rapport au personnage de Malcolm. En fait on est fatigué de cette caricature du réalisateur mégalo, au bout d'un moment on a bien cerné le truc. Je veux dire, est-ce qu'il y avait besoin d'autant de bla-bla, d'étalage de culture cinématographique et d'éloges de soi-même pour que le spectateur comprenne qu'il a un égo qui se porte relativement bien ? Non, évidemment, et toutes ces lignes et ces lignes de dialogues lourdes auraient pu servir autre chose qu'à forcer sur cette caricature... Surtout que JD Washington est un acteur que j'apprécie d'habitude, mais ici j'ai juste l'impression qu'il cabotine. On perd aussi grandement du naturel des dialogues, et ce au niveau des deux personnages, à un tel point qu'on a l'impression d'assister à une pièce de théâtre plus qu'à autre chose. Et je n'ai aucun problème avec les longs dialogues, quand ils sont bien écrits, mais là on se retrouve avec quelque chose de trop écrit, qui ne fait pas vraiment naturel (même si les acteurs sauvent un peu la chose, forcément).


Ce qui aurait aussi été intéressant c'est de nous montrer l'activité de ce couple un petit peu avant, parce qu'on est directement plongés dans un monologue et donc on ne se rend peut-être pas compte de l'alchimie qui auparavant était présente. Sauf à de rares moments de tendresse, on ne croit pas assez à ce duo : encore une fois on a beaucoup trop l'impression d'assister à un exercice de style entre acteurs, ce qui nous sort du film et rend la chose moins tragique. Les quelques moments "émotions" ne sont ni plus ni moins que des gros plans sur le visage des acteurs pleurnichants quelques larmes, et pour moi ce n'est pas un souci puisque je suis plutôt partisan de la sobriété lorsqu'il s'agit de filmer des scènes tristes (puisqu'en effet avec un mauvais réalisateur on peut très vite tomber dans quelque chose de ridicule avec de la petite musique en fond pour faire pleurer la ménagère). Sauf que là ça ne marche juste pas parce qu'il n'y a pas de contexte visuel antérieur, comme je l'ait dit ce couple ne fonctionne que de rares fois devant la caméra de Levinson.


La violence, autant verbale que physique, aurait pu être accrue, là les mots ne font pas assez mal, on reste même globalement dans quelque chose de plutôt gentil (la seule scène où les personnages crient est ridicule, à base de "Non, c'est moi que te déteste plus que toi !"). Mais bon, je pense que la violence physique, même présente des deux côtés, aurait fait polémique, donc au final pour un film grand public on peut le comprendre (car oui c'est d'un film grand public qu'il s'agit, qu'on ne se méprenne pas là dessus).


La mise en scène est aussi parfois bien trop lourde et répétitive, lors de la scène d'introduction on suit les personnages dans ses rondes autour de la table de la cuisine, et c'est franchement très redondant. En revanche, une certaine atmosphère (qui n'a rien de tragique) arrive à s'installer, et trouve son point culminant au début : JD Washington dansant sur du jazz, je trouve ça plutôt agréable.


En bref, si vous voulez voir un film bien mieux fait en général, je ne peut que vous conseiller Scènes de la vie conjugale, qui même s'il peut faire peur au premier abord réussit un peu sur tout les points où ce film échoue... Puisqu'au final, ce Malcolm & Marie s'avère prendre appui bien plus sur la forme que sur le fond.

JeanFoutre
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Purges en tout genre

Créée

le 7 févr. 2021

Critique lue 186 fois

4 j'aime

JeanFoutre

Écrit par

Critique lue 186 fois

4

D'autres avis sur Malcolm & Marie

Malcolm & Marie
morenoxxx
5

Pâtes à la carbonara

Ce Malcolm & Marie avait tout pour plaire aux plus cinéphiles: arrivé sur un boulevard vide de concurrence en raison du covid, pré-senti pour gagner de nombreuses récompenses, deux acteurs qui...

le 6 févr. 2021

70 j'aime

4

Malcolm & Marie
mymp
4

Ratage story

À un instant, assez tôt dans le film, dix minutes peut-être, et alors qu’on se rend compte déjà que le film flirte avec le truc poseur à partir du moment où Sam Levinson décide de filmer John David...

Par

le 10 févr. 2021

45 j'aime

2

Malcolm & Marie
Behind_the_Mask
4

Un film : l'égo

Alors c'est ça, LE film du confinement ? Hé bien là, je dois bien vous avouer que les bras m'en tombent. Parce que Sam Levinson ne fait finalement que nous refiler un remake de ce que nous avons vécu...

le 10 févr. 2021

29 j'aime

6

Du même critique

Annette
JeanFoutre
3

Beaux plans

Voilà que le dernier Carax, tant attendu pour ma part, sort enfin. A défaut de pouvoir me ruer dessus, je décide sagement d'aller le voir quand j'en aurai le temps. Et je ne peut pas dire que j'ai...

le 20 juil. 2021

9 j'aime

Adieu les cons
JeanFoutre
4

Sept césars pour un film de merde

Bon, c'était vraiment, mais alors vraiment pas dingue. Commençons quand même avec une note de positivité en énumérant les quelques bons éléments du film. Déjà j'aime beaucoup l'univers visuel, et la...

le 24 mai 2021

8 j'aime

Drunk
JeanFoutre
6

Chaque année des gens meurent à cause de l'alcool...

J'ai vu aucun autre Vinterberg mais il faut dire que cette première tentative avec son cinéma ne m'a pas complètement enchanté. Le film n'est pas mauvais, loin de là, il est même bien foutu dans la...

le 20 oct. 2020

6 j'aime

2