Précédé d’une réputation qui laissait envisager le pire, le film montagne accouche effectivement d’une souris et s’avère au final vide et ennuyeux à force de vouloir le jouer faux modeste avec cette désagréable impression que le pied est constamment mis sur la pédale du frein de la mise en scène et de l’interprétation. Cette volonté de ne pas trop en faire finit par se retourner contre le film qui se construit peu à peu sur un processus itératif et elliptique, entrecoupé de séquences plus intenses desservies par l’emploi appuyé et de mauvais goût de la musique : interrogatoire par les deux policiers, incendie, obsèques. Le comédien Casey Affleck ne varie pas d’un iota, avant comme après le drame et on regrette aussi que la scène qui l’amène vers sa décision soit traitée avec une distance et une rapidité qui confinent ici à la faiblesse ou au manque d’idées.
Lee est donc un homme devenu vide parcouru par un froid intérieur qui fait écho aux températures hivernales maintes fois soulignées (neige, verglas, habillement des personnages). Mais là encore le froid à son tour saisit le spectateur qui reste à l’extérieur en ne trouvant pas sa place tant le film se charge d’explications et d’illustrations sous la forme de flash-backs. L’ensemble se révèle ainsi faiblard et presque désincarné, sorte de précis du deuil expliqué aux nuls.