Il est des classiques auxquels on ne touche pas… pour les amateurs de slasher saignant à forte teneur en barbaque écorchée, Maniac de William Lustig en fait définitivement partie. Il y a un peu plus de trente ans, le papa de Maniac Cop (réalisé trois ans plus tard) avait fait son petit effet avec cette pelloche suivant les dérives d’un tueur en série ayant une fâcheuse tendance à scalper ses victimes féminines. Poisseux, dérangeant et sans concessions, le film a rapidement gagné ses galons d’œuvre culte. En ces temps de remakes aseptisés dire que cette version 2012 était attendue au tournant est un doux euphémisme. Contre toutes attentes ce nouveau Maniac se révèle être une excellente surprise. Mieux que ça il propose une relecture originale tout en restant fidèle à l’esprit de son modèle. Il faut dire qu’à l’écriture on retrouve le duo Alexandre Aja/Gregory Levasseur, experts ès relectures horrifiques depuis l’efficace La colline a des yeux. On retrouve ici cette même volonté de se réapproprier de manière intelligente un classique de l’horreur tout en restant fidèle à son esprit. Mais la réussite de l’ensemble tient autant dans son écriture ciselée que dans sa réalisation tout aussi efficace. Alors que le film original suivait son protagoniste de manière « classique »,ce remake prend le parti pris d’utiliser tout du long la caméra subjective de manière à enfermer de suite le spectateur dans la tête de ce tueur au sacré complexe d’Oedipe.



Un gimmick qui aurait pu vite se révéler lassant si le réalisateur n’avait fait preuve d’un ludisme particulièrement éclairé via sa gestion de l’espace et de l’environnement. L’occasion pour le réalisateur de Frank Khalfoun de montrer ce qu’il a dans le ventre, lui qui avait fait preuve d’une relative sagesse avec son très moyen premier long métrage 2ème sous sol. Alors que ce dernier respectait un cahier des charges digne d’un DTV, Maniac lui permet d’insuffler une vraie personnalité dans un exercice que d’aucuns auraient pu traiter par dessus la jambe en se bornant à sa simple pirouette de mise en scène. Loin de se suffire, le dispositif filmique est non seulement exploité jusqu’au bout mais aussi constamment renouvelé dans son application. Ici, tout est question d’ambiance tant dans la musique que dans la planante musique de Rob qui confère au film une aura très atmosphérique faisant de Maniac une sorte de « Drive du film de serial killer », toutes proportions gardées bien sur. Car Maniac n’est pas tant un thriller qu’un voyage au pays de l’horreur avec aux commandes, un guide particulièrement cintré ! Dans le rôle titre Elijah Wood se montre extrêmement convaincant. Tour à tour pathétique et effrayant, il confère au personnage un supplément d’humanité ajoutant par la même au malaise ambiant. Une performance hallucinante et hallucinée à la hauteur du talent de l’acteur qui par la simple entremise de sa voix donne corps au personnage de la plus belle des manières. Que les amateurs de gore se rassurent, aussi expérimental soit il, le film n’en demeure pas moins très violent et nous gratifie de meurtres pour le moins graphiques. Autant d’ingrédients qui en font un OFNI excellant dans l’art et la manière de prendre le spectateur à rebrousse poil pour mieux l’embarquer sans jamais perdre prise.
IlanFerry
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le 5 janv. 2013

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IlanFerry

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