Marathon Man par XipeTotec

7,5/10
Quel dommage que la conclusion simpliste et fade ternisse l'impression générale d'un film qui déployait par ailleurs tant de puissance ! L'intrigue autour de cet homme ordinaire dépassé par des événements dont il ne sait rien, personnage secondaire typique des thrillers préférant naturellement s'intéresser aux manigances du frère espion qu'à celles du frère ignorant, est d'autant plus intéressante que sa quête est intellectuelle, et qu'il va lui falloir transformer son activité politique solipsiste en action. Un vrai développement de personnage, soutenu par une réalisation follement énergique, avec un sous-texte politique plus frontal que dans d'autres films similaires (combien en avez-vous vu qui mentionnaient les camps de concentration pour Japonais de Roosevelt ?), font de ce Marathon Man le meilleur rival du cinéma de Pollack, qui venait de réaliser ses Trois Jours du Condor. Malgré leur proximité, le gouffre de la finesse sépare les deux films, Pollack se contentant de faire un bon thriller quand Schlesinger (en réalisateur peu habitué au thriller et à l'action) pense le thriller et lui donne un visage humain, se distinguant par là aussi de ses deux autres « concurrents », Pakula (qui réalise la même année Les Hommes du Président) et Schaffner (qui fera bientôt Ces Garçons qui venaient du Brésil). Mais il reste cette conclusion, à laquelle William Goldman (pourtant au sommet de sa carrière, et qui écrit en parallèle le scénario des mêmes Hommes du Président) et Schlesinger rendent trop platement satisfaisante pour prolonger l'impact du film, et en faire vraiment l'une des grandes œuvres politiques des années 1970, quel dommage...