Comme le disait Voltaire dans son Candide, tous les maux, si horribles soient-ils, apportent toujours en contre partie un bien. C'est donc en suivant ce dogme qu'Hollywood nous pond à chaque catastrophe une flopée de films exploitant le malheur des autres. On a eu le droit au post 9/11, et c'est au tour du krach boursier de 2008 de servir de sujet à tout un lot de métrages plus ou moins bons. On a eu le documentaire Inside Job, qui n'était qu'un bûcher où étaient jetés tous les traders, puis il y a eu le sympathique The Company Men, qui suivait les différents points de vue d'employés d'une multinationale en restructuration, mais il manquait une pierre à l'édifice, celle qui viendrait remettre les pendules à l'heure.
Suivant le schéma de The Company Men, le métrage ne met pas tout le monde dans le même panier, et explique de façon assez subtile ce qu'il s'est passé la veille du krach, quand une des sociétés de courtage s'est aperçue de la bombe qui était sur le point d'exploser, et comment s'est déroulée la nuit où elle a préparé le sauvetage des meubles. Toute l'échelle nous est présentée, que ça soit le petit trader qui faisait son taf comme tout le monde, le chef d'équipe qui lui n'hésite pas à dépenser une fortune en prostituées, et évidemment les grands manitous, qui certes s'ils servent un discours froid et dénué de toute humanité, est la triste vérité; les crises ont toujours existé et reviennent tous les dix ou vingt ans, les mêmes restent riches et les mêmes restent pauvres, et la phrase clé sera lâchée « c'est comme ça que fonctionne le capitalisme ».


Bref, Margin Call est probablement le meilleur film du genre, et cela grâce à une écriture qui passionne dès ses premiers mots. C'est simple, les dialogues sont un délice, nous absorbent de façon magistrale, sans jamais prendre de haut le spectateur, et non seulement ça fonctionne, mais en plus les plus grandes palabres sont données au duo Kevin Spacey/Jeremy Irons, tous deux dans une forme incroyable. Stanley Tucci, bien qu'assez absent (il est renvoyé au début), revient par la suite pour tirer son épingle du jeu, même si l'on aura quelques regrets à ne pas l'entendre plus. Zachary Quinto, qui livrait une piètre version de Spock dans Star Trek arrive même à nous surprendre, soutenant ce casting de grandes gueules masculines. Reste Demi Moore, qui a l'image de Maria Bello dans The Company Men apporte un peu de féminité, mais si cette dernière pouvait paraître un peu potiche, Demi l'est en revanche totalement, ne sortant au bas mot qu'une dizaine de phrases, ce qui en soit n'est pas vraiment un mal.
Pour conclure, les amateurs de drames dans le milieu financier auront là LE film à regarder de toute urgence s'ils veulent passer un bon moment d'intelligence. Les allergiques au genre pourraient bien être surpris par l'ensemble, tant il arrive à vous absorber d'une façon réellement étonnante.
Mention spéciale pour Jeremy Irons, qui après de nombreuses années à se perdre revient dans un rôle monumental, s'octroyant le personnage de grand patron, et occultant en bonne partie Kevin Spacey, chose à laquelle on ne se serait jamais attendu — de nos jours. Un réel plaisir de le retrouver, et l'on espère le revoir à l'affiche d'autres films de la même envergure.
SlashersHouse
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 déc. 2011

Critique lue 520 fois

11 j'aime

1 commentaire

SlashersHouse

Écrit par

Critique lue 520 fois

11
1

D'autres avis sur Margin Call

Margin Call
Gand-Alf
8

Soudain le gouffre.

On dit souvent que l'on écrit en priorité sur ce que l'on connait. Pour son premier film, J.C. Chandor prend cette maxime à la lettre, reproduisant à l'écran un monde qu'il connait bien (son père a...

le 12 avr. 2013

42 j'aime

6

Margin Call
Marvelll
7

La folie de Wall Street

L'année dernière, on avait eu le droit à The Company Men avec Ben Affleck et Tommy Lee Jones, ce film traitait sur la destinée de deux hommes de différentes générations impactés par l'impitoyable...

le 14 avr. 2012

38 j'aime

2

Margin Call
Barmad
5

A rester en surface, le poisson se noie.

Bon, tout d'abord, je suis d'accord, pour un premier film, Chandor nous propose un casting de folie, sur un thème pas forcement facile. Mais justement, en voulant vulgariser la haute finance pour...

le 4 janv. 2012

33 j'aime

1

Du même critique

God Bless America
SlashersHouse
9

This is the best day ever !

Qui aurait pu dire que Bobcat Goldthwait, auteur de World's Greatest Dead, laisserait tomber la critique fine pour la pochade délurée et immorale ? Un coup de sang après avoir zappé, tout comme son...

le 9 avr. 2012

97 j'aime

16

Tucker & Dale fightent le mal
SlashersHouse
8

White Trash Beautiful.

Véritable coup de grisou sur la toile, Tucker et Dale ont fait parler d'eux plus que n'importe quel direct-to-dvd, et ont largement accumulé les récompenses lors de différents festivals (AMPIA,...

le 8 juin 2011

86 j'aime

15

Ted
SlashersHouse
3

Ted l'ours lourdingue.

Seth MacFarlane, père de la séries Les Griffin, nous livre ici son premier long-métrage qu’il réalise, écrit et produit. Les Griffin connait autant de fans que de détracteurs, la raison étant souvent...

le 30 août 2012

49 j'aime

8