Je ne vais pas me cacher derrière une fausse critique distante. Parce qu'un film c'est avant tout cette part des tripes qui nous est kidnappée pendant quelques heures ...
J'ai connu un amour devenu évidence. Un amour dans l'angoisse et la rupture.
J'ai du mal à totalement croire en ce couple New yorkais centré sur son petit égo et sa carrière. Parce que ce duo d'acteurs ne semble pas avoir vraiment prit et qu'il n'a pas en lui cette fatigue des couples parentaux. Leur amour semble plus juvénile et plus naïf. Il ressemble plus à un jeune couple qui subit les dissonances des débuts. Un tandem qui n'aura pas fait face au télescopage de leurs tensions professionnelles ni su dépasser l'angoisse existentielle de sa dilution dans l'autre. On a affaire à un couple qui a l'air d'être en construction quand sa cocotte minute est foutue par terre par la trahison.
Mais il est difficile de voir plus loin car on ne verra jamais ce qu'ont été ces deux là. C'est un film qui tout en évoquant largement leur histoire est finalement axé sur les conséquences et elles sont dures. Il y a les lacérations de l'un et de l'autre dans la course victimaire. Les cris de souffrances qui ne semblent pas se calmer et ne font aucun échos en face. Il y a ce sentiment vain de non reconnaissance des sacrifices de chacun.
Tout ce dolorisme est difficile à accepter. Il empire au centre du film par avocats interposés et nous plonge dans une impasse si béante et si éloignée de la dramaturgie française que le masochisme y frôle l'absurde.
Mais la malice de Noah est ailleurs.
Elle est dans le ratage d'une médiation par un psy et dans ce qu'il décrit en fil rouge comme le résultat d'un échec de communication.
Dans ce trop plein de souffrances acharnées, le réalisateur fait traverser l'évidence d'un sentiment par les gestes. L'attention à l'autre dans le choix d'un menu, d'un noeud de chaussures ou d'un verre d'eau apporté. Il fait survivre ici et là l'attention d'un amour du quotidien. Comme si face à cette comédie du désespoir, qu'elle soit aux Etats unis ou chez moi et malgré la fatigue des âmes. L'évidence de l'amour semblait survivre à tout et faire le plus beau pied de nez à nos drames, à notre immaturité.