Voyage au bout de la nuit
Ce film français est d'une rare violence, et il faut bien constater que le réalisateur a mis les moyens pour rendre crédible cette surenchère du gore.
Ce qui m'a ennuyé dans ce film, c'est la structure inutilement complexe pour un tel genre. Alors oui le gore est gratuit, oui, mais ça c'est toujours gratuit. Comme a dit Friedkin chacun film à sa manière, selon sa sensibilité, certains se contenteront donc de suggérer, d'autres se montreront ingénieusement explicites. Non vraiment, pour moi, le problème vient de vouloir trop en raconter, et passer ainsi d'un personnage à l'autre. Je pense que ç'aurait été plus efficace en conservant un point de vue, de préférence le dernier adopté afin que le deuxième tier du film ne soit pas si ennuyant (durant cette partie, il n'y a plus vraiment d'enjeu ni d'objectif, juste de la contemplation). Je pense aussi que ça aurait changé la donne et que ç'aurait été un parti pris intéressant, cette quête du savoir, de découvrir ce qu'il se passe dans la tête de ces gens, plutôt que de montrer une énième fois les victimes. Enfin, il y a ce manque de profondeur dû au fait que les personnages crient plus qu'ils ne pensent, parlent ou agissent.
La mise en scène n'est pas trop mal torchée. Ce qui m'embête c'est que le réalisateur, qui connaît bien les effets qui marchent, les utilisent justement un peu trop. On sent qu'il essaie de déranger, et en même temps de donner envie au spectateur de rester. La scène d'intro avec la nana qui court par exemple, ou encore la poursuite des enfants sont de parfaits exemples d'hameçonnage. Les scènes gores sont assez bien réussies, malgré parfois un découpage trop rapide. Les maquillages sont excellents, dommage qu'il n'y ait pas plus de vues d'ensemble calmes.
Bref, Martyrs est un film d'horreur qui pète plus haut que son cul et c'est dommage. En privant le film d'une structure plus simple, le réalisateur commet l'erreur de perdre l'intérêt de son spectateur surtout qu'en dessous de cette apparente complexité (par rapport à tous ces retournements de situation et changement de protagonistes) se cachent pas mal d'incohérences (tout simplement pourquoi être resté dans la maison?).