Par-delà sa construction elliptique plutôt intéressante, Martyrs fonctionne mais n’aboutit que peu : l’impression domine d’une série de segments ultraviolents allant du plus pénible au plus intéressant – l’entreprise sectaire, le final magnifique – qui détruit en partie la plongée cathartique dans l’horreur. Tout est tellement vif, cru, brut, que l’idée même de torture disparaît pour laisser en lieu et place une lassitude dont on ne demande qu’à sortir, non par dégoût mais par souci de trouver une occupation plus captivante. Les scènes semblent posées là, dans une construction dynamique réduite à un hasard tout droit sorti du happening artistique. Le problème, alors, c’est de détourner ce happening en l’assommant de discours pompeux et de personnages de noir vêtus assez ridicules. Demeure une œuvre déroutante et unique dans le paysage cinématographique français, avec en prime un superbe segment final où jaillit l’intelligence d’un réalisateur qui trouvera la voie de l’excellence avec Ghostland.