Protection reprochée

Nous tenons là un bon film au coeur duquel la bande-son conduit en grande partie un récit à la fois rudimentaire et nébuleux : les zones d'ombres du scénario sont pourtant justifiées par l'identification du spectateur au personnage de Vincent ( Matthias Schoenaerts, incroyable de charisme et de prestance ), individu vulnérable et psychologiquement fragilisé. Nous suivons ce drame intimiste à travers les yeux et les oreilles de ce militaire instable et impulsif, perdu entre la bienveillance protectrice et la paranoïa ; Alice Winocour privilégie énormément l'atmosphère aux éléments factuels, quitte à nous perdre dans ce vaste flou scénaristique...

Maryland témoigne d'une réelle écriture formelle, savamment élaborée par la cinéaste : ambigüe en permanence la réalité de ce qui est montré et/ou suggéré au spectateur parvient à intriguer d'un bout à l'autre du métrage. En outre les nappes électro de la première demi-heure participent à l'installation d'un climat oppressant et inconfortable, jouant sur l'agression auditive et l'immersion. On regrette simplement que tout ne soit pas davantage étoffé sur le plan narratif, principalement en raison d'un dénouement se terminant en queue de poisson. Cela aurait pu être excellent, c'est seulement bon.