Tout part d’une scène aussi mélancolique qu’absurde. Un cercle de femmes au beau milieu d’un champ, silencieuses, une urne funéraire à la main. Tentative d’ouvrir le couvercle, giclée de sang. Et cette phrase formidable « Il nous aura fait chier jusqu’au bout celui-là ».
Privée de père, Maryline s’empresse de quitter son coin de campagne et monte à la capitale, les étoiles pleins les yeux. Son rêve ? Etre actrice. La petite campagnarde va cependant très vite se prendre de plein fouet la dureté du monde du cinéma. Les egos surdimensionnés, le tourbillon de monde, l’agitation permanente, la fièvre du tournage, tout cela est trop, beaucoup trop pour la sensible Maryline, qui va devoir apprendre à surmonter une première expérience traumatique, et refaire surface pour, enfin, imposer son talent.
Après le multi-récompensé Les Garçons et Guillaume, à table ! Guillaume Gallienne opère un virage à 180 degrés, et propose un deuxième long-métrage au ton radicalement différent, un portrait de femme complexe, difficile à appréhender. Comment comprendre ce qui se passe exactement chez Maryline, magnifiquement interprétée par Adeline d'Hermy ? Comme son personnage, le réalisateur fait le choix de la retenue, préfère laisser deviner plutôt qu’expliquer. Le film se raconte comme une histoire, ou une pièce de théâtre, avec ses ellipses, ses temps forts, ses silences. Pourquoi Maryline veut-elle devenir actrice ? Quelle(s) blessures(s) se dissimulent dans son enfance ? Autant de questions laissées sans réponse, qui, bien loin de desservir le film, lui donnent une profondeur inattendue. Comme dans la scène finale, séquence de joie muette un peu longue, dans lequel l’émotion passe, finalement, bien mieux loin des mots.
Plus de critiques de film/série sur http://www.postplay.fr/