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Vu au Festival du film francophone d'Angoulême en août 2017.


Maryline est film assez obscur, pesant dans le mauvais sens du terme, qui devient de fait assez long. Lorsque les lumières de la salle se rallument, on n’est pas vraiment sûrs d’avoir compris ce qu’on a vu, ce que Guillaume Gallienne a voulu nous transmettre.
Je vais employer dans ce paragraphe la première personne, puisqu’on parle ici de mon ressenti ; mais, alors que j’étais en festival, que j’avais vu l’excellent Petit Paysan juste avant, que Gallienne lui-même était venu sur scène et que j’avais la possibilité de voir deux ou trois bons films ensuite ; je me suis retrouvé dans la position d’après-film que j'aurais vécue pour une oeuvre vue un dimanche après-midi pluvieux mais qui ne tiendrait pas ses promesses, dont je sortirais plus maussade qu’autre chose.


Cette impression d’acte manqué existe, pas à cause du film en lui-même, mais plutôt de ce que le film n’est pas : clair.
Est-ce un essai sur le métier d’artiste ou le simple récit d’un échec, d’une non-carrière ? Est-ce le portrait d’une femme, une biographie engagée ? Une critique de la cruauté du milieu du cinéma ?
Véritablement impossible à définir puisque sans réel parti-pris scénaristique. Des scènes de la vie d’une femme se succèdent sans construire un ensemble vraiment cohérent, et on constate la rudesse de la vie de son héroïne… sans, paradoxalement, que l’émotionnel entre en jeu.


Maryline s’inscrit sans doute dans une volonté de Gallienne, de ne pas se reposer sur ses lauriers. Il passe de la comédie au drame, quitte la tête d’affiche [ne s’autorisant pas même un caméo] ; il a probablement voulu se mettre en danger, mais est tombé ce faisant dans l’écueil de l’auteurisant.


Maryline, c’est une succession de choix risqués mais surtout de scènes qui s’étirent, comme l’une des dernières scènes en théâtre filmé - sans que cela soit précisé au préalable, et pour une quinzaine de minutes - qui met le spectateur dans un grand malaise avant de lui annoncer que tout était faux, sans pour autant annuler ce malaise…


Il y a toutefois un élément qui empêchera l’oeuvre de Gallienne de tomber immédiatement dans l’oubli : l’interprétation d’Adeline d’Hermy. Elle est le personnage de Maryline, le vit devant nous ; et nous le transmet avec une force incroyable. Actrice de théâtre, il n’est pas étonnant de la voir se lancer corps et âme dans son premier film. Elle est totale, sublime et sublimée par le regard que Gallienne porte sur elle (pour lui, au détriment du film ; pour elle, au mépris d’autres rôles potentiels).

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le 14 nov. 2017

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