Meilleur film d’enquête, meilleur film policier ou encore second meilleur film de serial killer : autant dire que sur SensCritique, la cote de popularité de Memories of Murder est des plus patentes.
De quoi conférer au thriller de Bong Joon-ho, dont j’avais déjà pu apprécier le travail sur le sympathique Snowpiercer, un intérêt tout particulier : néanmoins, l’intrigue de ce long-métrage coréen ne s’avère pas aussi tortueuse et captivante qu’escompté, de quoi me faire dire qu’en dépit de flagrantes qualités il s’agit là une œuvre quelque peu surestimée.
Ainsi, c’est une petite déception au détour de ce film inspiré de faits réels, ce qui n’est pas sans rappeler l’excellent Zodiac de Fincher : l’exercice du récit flirtant avec l’investigation pétrie de mille et un détails ne manque alors pas d’intérêt, mais Memories of Murder manque à mon sens le coche en termes d’entrain, de cheminement mais aussi de personnages.
Ces derniers, à commencer par le duo principal, sont de ce fait sans grand relief : outre une composante caricaturale au travers leur association contrainte, source de méthodes contradictoires et d’oppositions chroniques, leurs caractères respectifs laissent de marbre, car certainement noyés dans un morne déroulé de l’enquête.
Sans aller jusqu’à jeter la pierre aux différents interprètes, à juste titre crédibles, disons que le long-métrage disposait de toute la matière nécessaire pour en tirer un récit haletant, suspendu aux échecs successifs de ses héros ordinaires, mais que le rendu final est quelque peu plat comme longuet : on décèle pourtant quelques séquences probantes, venant entretenir l’illusion d’un Memories of Murder bien décidé à jouer avec nos nerfs, comme les furtives apparitions de l’assassin, mais l’ensemble rend compte d’un tableau frisant l’ennui narratif comme visuel.
Se posant comme un leurre doté d’une atmosphère aguicheuse, l’introduction laissait dans un premier temps entrevoir un certain souci de mise en scène, et il serait de mauvaise foi que de dire que Bong Joon-ho est un manche : mais, à l’image du long-métrage dans sa globalité, la forme concorde au fond et brille donc d’une intensité erratique, trop brève et même à la longue insuffisante... venant entretenir un sentiment décontenancé, voyant dans son ambiance majoritairement pluvieuse un languissant coup de massue.
Malgré de bonnes intentions et un respect palpable de son sujet, Memories of Murder n’est en soi pas le film coup de poing espéré : là où le cinéma sud-coréen ne manque pas d’atouts pour se placer comme une source intarissable d’œuvres suffocantes, celui-ci fait bonne figure mais sans véritablement sortir du lot.
Un sentiment circonspect au sortir de ce film certes bon, mais en deçà de son plein potentiel : et ce n’est pas la séquence de clôture, que l’on escomptait (en vain) sidérante ou même frustrante, qui me fera dire le contraire.