Thriller Coréen déroutant d'un monde entre deux pluies ...

Alternant humour potache et noirceur de l'intrigue, jours et nuits cinématographiques, plans rapprochés de cadavres putréfiés et champs lumineux ou gorgés d'eau de pluie, personnages ni héroïques, ni anti-héros, ni identiques à eux-mêmes du début à la fin, vide d'une enquête amatrice et bourrue de policiers de campagne et espoirs renouvelés sans cesse d'avoir enfin trouvé la piste tangible, Corée du Sud en phase transitoire de deux époques qui s'éloignent l'une de l'autre, jour sec et nuit pluvieuse appuyée par un certain accoutrement féminin et chanson triste particulière, c'est bien à la lisière de nos habitudes de cinéphiles parfois trop nourris aux fins rassasiantes et aux personnages tranchés que " Memories Of Murder " pourrait se situer. En territoire presque inconnu. Aux frontières du thriller humain, du fantaisiste léger et de l'esthète glauque. Insolite lieu, non ?

L'expérience est inédite et appartient encore à ce précieux tiroir que j'aime ouvrir pour ajouter encore une œuvre à laquelle je ne m'attendais pas, qui me désarçonna et ne me laissa en rien indifférent.
Une fin qui questionnera encore longtemps et marquera probablement tous ces gens que nous sommes, des Mr ou Mme tout le monde dont le visage ne révèle rien des possibles exactions et tourments. Une conclusion plus effrayante et réaliste qu'elle n'en a l'air au premier abord car nul suspect au caractère caricatural et saillant , profil marqué d'un psychopathe tout désigné n'est plus inquiétant que celui qui s'est finalement tapi dans l'ombre parmi nous, tout près, indétectable, absolument discret, ordinaire, aussi froid que sans indice laissé, méticuleux et appliqué, imprenable et infiltré, invisible.

L'affaire tirée de la réalité coréenne des années 1986 à 1991 et dont s'inspire le film n'a d'ailleurs à ce jour toujours pas livré ses troubles secrets comme le visage du bourreau invisible qui arracha à la vie plusieurs jeunes ou moins jeunes femmes arpentant un chemin de nature... Au mauvais moment, au mauvais endroit.
" Memories of Murder " n'est pas comme un tas d'autres films. Il peut dérouter et frustrer selon ce à quoi l'on s'attend, mais il témoigne de ce précieux savoir de cinéaste qui sait projeter à l'écran un mélange inattendu, habile et savoureux de genres, d'ambiances, d'alternances , de personnages et de contrastes, dans un environnement sonore et visuel parfaitement maitrisé. Cet entre-deux... À sa manière unique.

Aussi déroutant que difficilement oubliable.
Fullstorm
8
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le 9 oct. 2014

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3 j'aime

Fullstorm

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