Pour leur premier long-métrage, les frères Hugues s'intéressent à un sujet de société alors en vogue au début des années 90 : la vague de criminalité chez les jeunes Afro-Américains. Principalement située dans les quartiers chauds de Los Angeles, cette vague a fait couler autant d'encre que de sang et, après Boys N the Hood ou encore Juice, nous découvrons une nouvelle facette de ce petit monde violent et désespéré de la Côte-Ouest des États-Unis.


En soi, le long-métrage n'apporte rien de nouveau au genre, les réalisateurs jumeaux brassant les mêmes thèmes que leurs prédécesseurs à savoir la délinquance quasi-inévitable de jeunes Noirs américains dans un monde où, livrés à eux-mêmes et sans repères, ils vont s'adonner aux vices les plus cruels... De braquages mineurs en arrestations violentes, la vie de ces adolescents n'est guère rose.


Et c'est dans cette optique que les frères Hugues vont nous présenter le héros de Menace II Society, Caine, orphelin ayant toujours vécu dans ce milieu décadent qui, en dépit de son diplôme en poche, va peu à peu prendre malgré lui goût à l'argent facile, au meurtre et à d'autres délits plus ou moins majeurs. Sans cesse accompagné d'une bande de têtes brûlées qui ne craignent pas la mort, vulgaires et à la gâchette facile, Caine n'a pour ainsi dire pas vraiment le choix : il doit survivre dans ce ghetto violent qu'ils créent au final quotidiennement.


Les deux réalisateurs dévoilent ainsi une sorte de parodie de cette mini-société qui, comme un serpent se mordant la queue, engendre la violence tout en ayant l'excuse d'en être influencée. Au milieu de cette galerie de personnages finalement attachants (en particulier le déjanté O-Dog campé par le très convaincant Larenz Tate), il subsiste pourtant quelques personnes plus aimantes qui vont tenter d'aider Caine et lui sortir de la tête que le monde ne se limite pas à South Central.


Le scénario est donc d'un côté plus optimiste qu'il n'y parait, possédant une trame à part entière et ne se restreint pas seulement à un portrait de cette société. Très sombre, à la magnifique photographie et à la mise en scène tantôt contemplative tantôt clippesque, Menace II Society est également porté par la musique hip-hop du début des années 90 et surtout par un casting de choix, apportant quelques étoiles supplémentaires à ce premier long-métrage générationnel et passionnant.

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8

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le 8 avr. 2019

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