Souvenirs, rêves, réalité, ou rêves de souvenirs ?

Honnêtement je n'avais pas forcément super envie de le voir, Habemus Papam c'était sympa, mais sans plus, là le même foin semblait recommencer autour de ce film... et je dois dire qu'au début j'ai vraiment cru que j'allais détester, le film s'ouvre sur un générique (normal) sur fond noir qui dure plusieurs minutes... Arggh, franchement fallait oser quoi. Surtout que ça n'apporte rien, c'est juste chiant. Et ça dure, ça dure.


Pour paraphraser les petites vieilles à la sortie du film : "ah début j'ai eu du mal à rentrer dans le film mais finalement c'était pas mal". Et j'ai le même sentiment, le début m'a franchement gavé, le générique, John Turturro qui en fait des caisses, qui hurle, la réalisatrice qui dit que le public veut un cinéma politique, un cinéma qui fait changer le monde (je n'ai pas pu penser à Pasolini qui voulait justement sortir le public de ses films habituels pour lui proposer autre chose et qui a échoué, comme quoi le public voudra toujours s'abrutir), je trouvais ça trop naïf, trop artificiel. Et puis les différents passages où on ne sait pas trop si elle rêve, si c'est un souvenir, ça me fatiguait, je voulais juste que ça avance.


Et finalement c'est très bien passé les 20 premières minutes on va dire. Le temps pour rentrer dans le film. Alors j'avoue que tout le côté comédie avec Turturro je ne suis pas fan, ça m'agace parfois plus qu'autre chose... Mais la construction est nécessaire pour que le film fonctionne et tout le côté drame est vraiment sublime. J'ai fini par apprécier les souvenirs, les fantasmes qui se mêlent au réel, qui interrompent une scène, le fait qu'on ne sache jamais trop ce qui est vrai ou non... Mais surtout tout ce qui concerne la mère, je trouve ça magnifique, j'ai été ému aux larmes à plusieurs reprises, sans doute parce que c'est très vrai, que si on a un parent ou grand-parent qui est malade ou qui a été malade on forcément vécu ça, l'infantilisation de la personne, faire comme si cette personne n'était plus capable mentalement sous prétexte qu'elle se retrouve physiquement diminuée. Mais aussi le simple fait d'être ému par fouiller dans la cuisine de la personne alors qu'elle est à l'hôpital... les petites choses, comme le fait de communiquer par écrit, écriture qui est laborieuse, qui prend du temps...


Puis tout simplement la fin, la manière dont ça se finit, comme ça, sans prévenir, alors que tout semblait aller bien... Comme dans la vie.


Je me suis sans doute plus identifié à la jeune fille, notamment la scène où elle s’emmitoufle sous la couette en écoutant la conversation téléphonique, ou bien au frère, moins dans l'émotion incontrôlée que la soeur... Mais ça a de vrais points d'attaches dans le réel, malgré toute une partie qui semble fantasmée.


Il y a forcément une question d'héritage, mais un héritage culturel, un savoir qui s'est mal transmis entre la mère, sa fille et sa petite-fille... Et je me souviens qu'à Cannes on montrait ce film alors qu'en France le gouvernement voulait modifier le statut du latin, un beau hasard du calendrier... Le film me rappelle aussi que j'ai toujours voulu recontacter ma prof de latin du lycée à qui j'en ai fait voir de belles, mais qui m'a en quelques sortes sauvé la vie avec le latin et les mythes gréco-romains.


Donc non le film n'est pas parfait, parfois tout ce qui est dit sur le cinéma, etc, ça fait vraiment artificiel et ce n'est pas la partie qui m'intéresse, mais elle permet de ne pas être oppressé par cette histoire de mère malade, de sortir de la maladie, de faire autre chose... Elle a ce mérite.


Bref c'est un bon film, vraiment juste et poignant, montrant beaucoup de choses tristes, et donc belles sur la vie.

Moizi
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le 3 déc. 2015

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Moizi

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