A l’heure où le cinéma est un marché économique hyper concurrentiel, dynamisé à base de grosses productions accessibles au plus grand nombre, il n’est pas étonnant de voir surgir de quasi nul part des réalisateurs se faire un nom en l’espace d’un film ou deux. Ari Aster est considéré comme l’une des références du cinéma d’horreur alors qu’il n’avait fait qu’un seul film, à savoir le très bon Hérédité. Preuve que bon nombre de spectateurs attendent désespérément que des auteurs comme lui soient en mesure de régulièrement nous abreuver de films singuliers, mais aussi d’un talent certain. Mais la barre n’est-elle pas trop haute trop vite ?


Avec Midsommar, Aster reconduit une proposition de cinéma basée sur l’atmosphère. Cette ambiance angoissante qui à elle-seule peut mettre le spectateur mal à l’aise. A l’image d’Hérédité, Ari Aster s’amuse à détruire les liens familiaux / sociaux et nous laisse observer lentement ses personnages se détruire par la rencontre d’un événement surréaliste. Midsommar est une lente descente aux enfers, teasée dès le début du film par la douleur viscérale de son personnage principal. Quelques plans plus tard, notamment le plan inversé de la route déjà culte, on comprend que le réalisateur nous emmène dans un voyage duquel personne ne reviendra, pas même le spectateur attentif. Ce film s’adresse à un public averti, et non à ceux qui s’attendent à voir des jump scares peu inspirés qui pullulent dans toutes les productions horrifiques. Midsommar n’est pas un film d’horreur, mais plutôt un thriller avec des éléments d’horreur. Nuance donc, car le rythme se veut long pour accentuer le mal être et le mal à l’aise provoqué par certaines séquences.
Ce film est marquant, et des scènes, des sons, restent en tête. La colorimétrie est brillante et la mise en scène léchée. C’est beau à voir, et tordu par moment. N’est-ce pas là les raisons qui poussent le spectateur à aller voir Midsommar ?


Du côté des acteurs, l’ensemble est bon, mais Florence Pugh en est clairement la reine. Petite déception pour la sous-exploitation de Will Poulter, et l’incompréhension du personnage joué par Jack Reynor que j’ai trouvé relativement moyen dans son interprétation.


Midsommar est une vraie expérience de cinéma et une œuvre qui compte dans l’épouvante sur un contexte finalement peu transposé en long-métrage. Malgré des qualités indéniables, le film est peut-être trop long et comporte par moments quelques longueurs quand certains événements semblent arriver trop soudainement. En définitive, ce film ne s’adresse pas à un spectateur habitué à ne pas s’impliquer dans un film.


7/10.

RemsGoonix
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le 22 août 2019

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