Dans les grandes lignes, ce que je pense de ce film :
Tout d'abord, il brise les attentes habituelles que peut avoir le spectateur face à un film d'horreur. On est d'emblée déconcerté : pas de nuit, pas de couleurs sombres. Que d'éclat, un ciel bleu, des couleurs vives, et surtout la BEAUTÉ ! Elle est omniprésente dans tout le film, tout est sublime, magnifique. Les plans sont splendides, géométriques, nets. Les fleurs, la verdure, le paysage nordique. Bref, rien ne laisse présager à l'horreur qui se déroule en réalité. C'est justement sur cette dichotomie beauté/horreur que se fondent, selon moi, l'intérêt et l'originalité du film. Tout est beau sauf ce qui se passe. La beauté est sans cesse en interaction avec la laideur - le mot est faible -, l'horreur la plus totale, des images et actions totalement abjectes. Psychologiquement, nous sommes baladés entre douceur et actions que la morale réprouve. Rien que cela, c'est pour moi la preuve que ce film est une grande réussite : réussir à installer l'horreur sans ses poncifs habituels - même si la trame du film en elle-même n'est pas extraordinaire. Visuellement, je trouve qu'on n'est clairement pas dans les clichés du films d'horreur, loin de là.


Deuxièmement : l'ambiance. Rares sont les films qui parviennent à m'installer dans un malaise presque impossible à verbaliser. Dès l'arrivée en Suède, on ressent cette gêne et cette oppression progressives qui ne font qu'augmenter à mesure du film. En ce sens, le reproche selon lequel ce film n'est pas un film d'horreur/épouvante/thriller me parait assez infondée car OUI, le malaise, l'oppression, l'inconfort sont bien présents - un bon film d'horreur, c'est ça aussi selon moi. La musique est parfaitement en accord avec le film et contribue très largement à l'ambiance, et la BO est globalement excellente - j'ai sentis le même type d'oppression musicale qu'avec le thème de Shining - Berlioz (toute proportion gardée).


Donc - malgré peut-être une trame générale pas incroyable et assez classique, je trouve que ce film est vraiment remarquable par ces aspects et bien d'autres. Il nous incite vraiment à ne pas chercher de repères connus - d'où peut-être le plan de l'arrivée en Suède où l'envers devient l'endroit... L'endroit n'est plus le connu et le reconnaissable, mais l'envers devient le repère. Ce qui nous parait normal doit être abandonné, on ne doit chercher ni la compréhension, ni le connu et accepter ce qui nous est proposé sans se poser trop de questions, accepter qu'on plonge dans l'inconnu au même titre que les personnages. C'est ainsi que je l'ai perçu. Bref, SUPER FILM.

evilwa
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Malaise, cauchemar, peur, angoisse...

Créée

le 22 avr. 2020

Critique lue 295 fois

4 j'aime

evilwa

Écrit par

Critique lue 295 fois

4

D'autres avis sur Midsommar

Midsommar
trineor
9

Le sacre de l'été

Le plus immédiatement troublant devant Midsommar, c'est sans doute – comme à peu près tout le monde l'aura relevé – de se retrouver face à une œuvre horrifique toute faite d'été, de ciel bleu, de...

le 3 août 2019

202 j'aime

61

Midsommar
Mr_Purple
5

La secte où on n'y voyait pubien

Tout était bien parti pourtant : un prologue efficace et puissant, une mise en scène froide et chirurgicale à la Shining qui sait captiver et créer une ambiance joliment anxiogène, et la présence à...

le 1 août 2019

192 j'aime

31

Midsommar
takeshi29
9

L'horreur est-elle moins pénible au soleil ? (A peu près Charles Aznavour)

En introduction disons-le tout net, je ne fais pas partie de ceux qui attendaient ce "Midsommar" conquis d'avance, n'étant absolument pas un adorateur du déjà culte "Hérédité", dont la mise en place...

le 1 août 2019

88 j'aime

32

Du même critique

Histoire de l'œil
evilwa
9

"Les yeux humains ne supportent ni le soleil, ni le coït, ni le cadavre, ni l'obscurité"

A d’autres l’univers paraît honnête. Il semble honnête aux honnêtes gens parce qu’ils ont des yeux châtrés. C’est pourquoi ils craignent l’obscénité. Ils n’éprouvent aucune angoisse s’ils entendent...

le 23 févr. 2020

4 j'aime

Le Colonel Chabert
evilwa
8

"Les morts ont donc bien tort de revenir ?"

Le Colonel Chabert, littéralement déterré après la bataille d'Eylau, fait face aux ravages de l'oubli, de la mort et de la disparition. Que reste-t-il quand nous ne sommes plus là ? Qu'en est-il de...

le 6 juin 2019

2 j'aime

3

Retour à Reims
evilwa
9

Un très grand essai sur les déterminismes et la reproduction sociale.

J'ai entendu parler de Didier Eribon il n'y a pas si longtemps lors d'un cours de philo sur la sociologie holiste. Le prof nous a raconté l'histoire de Retour à Reims, et j'ai de suite fait...

le 10 juin 2019

2 j'aime