Oriol Paulo devient, production après production, un cinéaste espagnol à suivre et surtout un expert dans les scénarios à la fois complexes, passionnants, méticuleux mais parfois tirés par les cheveux et improbables pour qui serait très regardant. Que ce soit l’excellent « L’Accusé » qu’il a aussi réalisé, « Les yeux de Julia » dont il était le scénariste ou alors la magistrale série « Innocent » adaptée d’un roman d’Harlan Coben qu’il a produite, écrite et réalisée, son talent d’excellent créateur de suspense intenables commence à s’ancrer dans le paysage cinématographique espagnol mais aussi mondial. Avec « Mirage », il ajoute le voyage dans le temps comme ingrédient supplémentaire à son dernier thriller, un thriller mâtiné de drame et de romantisme comme souvent chez lui. Et si le scénario semble machiavélique, on s’emmêle vite les pinceaux avec les paradoxes temporels et ce qui semble être pas mal d’invraisemblances. C’est dommage car sinon ce long-métrage serait encore une fois un excellent divertissement.
Durant toute la première partie, si l’on connaît ses classiques (de « Retour vers le futur » à « L’effet papillon » en passant par « Looper » ou « Fréquence interdite » pour couvrir tous les genres dans lesquels le thème du voyage dans le temps peut s’immiscer) on ne sera pas perdu. On le sait, changer le cours du passé influe inévitablement sur le présent. Ce qui crée des réalités alternatives et donc des paradoxes temporels. Mais si l’intrigue de « Mirage » se construit doucement mais surement et nous captive par ses enjeux et ses nombreux rebondissements, il y a bien trop de facilités de scénario, de trous dans l’intrigue laissés en suspens, d’incohérences comme souvent dans ce type de films mais aussi une énorme invraisemblance, celle de la condition de l’héroïne quasiment pas expliquée. Mais ne mettons pas tout sur le dos de la science-fiction puisque même sans le voyage dans le temps, on décèle pas mal de facilités et de choses un peu poussives dans la première partie.
Quand arrive le dernier tiers et son lot de retournements de situation, si l’on n’a pas suivi avec une attention de chaque instant tout le déroulement de l’intrigue, on est complètement largués. Et cela nous empêche de pouvoir continuer à s’investir durablement dans l’avancée de l’histoire et de vivre les événements pleinement avec les personnages. Même la fin, qui semble belle et poignante, a plus de mal à nous toucher dans ces conditions. On a donc l’impression de regarder une œuvre très qualitative mais d’être privé de certains de ses aspects et surtout des clés de compréhension nécessaires à son appréciation. On se dit même que tout va si vite car l’auteur savait pertinemment les carences en logique de son script et qu’il ne fallait pas que le spectateur ait le temps de trop s’attarder. Heureusement, les acteurs et la mise en scène sont de qualité et on ne voit absolument pas le temps passer malgré tout. « Mirage » a donc de la gueule et vaut le coup d’œil mais il est tombé dans le travers le plus facile des films sur la voyage dans le temps...
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