Difficile de parler de ce film sans laisser s’exprimer le cœur, parce que Mirai ma petite sœur est de ces œuvres qui partent a priori loin de nous pour nous aider à plonger dans des souvenirs enfouis, des sentiments oubliés.
Pourtant il y a peu de rapport entre le petit garçon japonais de 5 ans à qui on présente sa petite sœur et l’adulte française qui a plus de 30 ans d’écart avec l’enfant, et un peu plus avec sa propre expérience de grande sœur.
D’ailleurs Mirai ma petite sœur n’essaie pas de nous séduire trop ouvertement, Hosoda préfère avancer à pas de loups, comme il avait déjà pu le faire justement en faisant intervenir les enfants-loups, ou en faisant cohabiter un garçon et une bête.
C’est parce qu’on voit tout à hauteur d’enfant qu’on est d’abord perturbé par un ton très simple, des colères incontrôlées et injustifiées, des caprices de bambin.
Et puis le récit se développe et fait du sur place, entrecoupé de passages oniriques qui séduisent beaucoup et lassent un peu.
Difficile de dire pendant le film qu’il est parfait, ou qu’il est touchant: il se laisse voir, comme la vie se laisse vivre, se déroule, avec son lot d’aventures et de sentiments plus ou moins diffus.
De temps en temps viennent les banderilles, les uppercuts sortis de nulle part, les réminiscences sans lien apparent avec l'histoire, et pourtant tellement similaires.
C’est comme si le petit Kun à force de laisser éclater son jeune caractère avait fini par réveiller un vieux truc oublié dans un coin de notre inconscient, comme si soudain on ressentait ce qu’il vit, on le comprenait sans avoir besoin d’explications.
La peur de l’abandon, le besoin de connaître son histoire, de se rattacher à quelque chose, l’envie d’exister, de faire partie d’un tout, la frustration de n’être qu’un enfant tout en étant soumis aux ordres des adultes, la découverte de failles chez ses parents, le ras le bol de ne pouvoir choisir son short, de ne pas vouloir partir en promenade, la difficulté à reconnaître ce qui nous gêne, à l’exprimer.
Il y a tout dans ce film, et ce ne sont pas des choses qui se cantonnent à l’enfance, ce sont des sentiments qu’on traîne toute sa vie.
Au fond on ne cesse jamais d’être l’enfant qu’on a été, et on ressort des 100 minutes de film un peu sonné par ce qui vient de remuer au fond de nous.
Curieusement les enfants présents dans la salle avaient l’air épuisés et pas vraiment emportés par l’histoire, comme quoi tout est question de point de vue.