On commençait à se demander où il était passé depuis La Cage Dorée, véritable vent de fraîcheur sur la comédie française doublé d’une tendresse sans égale sur la communauté portugaise, tout ça dans un premier film. Il était donc grand temps de retrouver Ruben Alves, ambassadeur désigné des minorités en seulement 2 réalisations. La deuxième, vous l’aurez deviné, c’est Miss !


Initialement prévu pour une sortie mi-mars, avant d’être repoussé au profit d’une sortie automnale, puis freiné dans son début de course par un reconfinement général, Miss fait partie du bataillon de première infanterie qui aura la lourde tâche de re-ramener les gens en salles cet hiver. Et comme si ça ne suffisait pas, le projet porte un sujet plutôt tendax qui est celui de la transsexualité… Enfin presque. C’est en tout cas l’idée suggérée par le personnage d’Alex, jeune homme mal dans sa peau se révélant au grand jour en tant que femme, et qui rêve depuis toujours de devenir…Miss France.


Sur le papier, un scénario improbable dans la réalité. Mais dans l’idée, quoi de mieux que le plus grand concours de beauté du pays, rattachant celle-ci à des standards féminins extrêmement précis, pour faire passer son message ? Ruben Alves serait-il le réal le plus à même de traduire le discours des communautés à la hauteur de ce qu’elles revendiquent ? De détourner les clichés pour les traduire en force morale ? De porter avec humilité et justesse ce qui en d’autres mains serait passé pour maladresse ? 7 ans après son premier succès, la réponse est oui.


LA RÉVÉLATION ALEXANDRE WETTER
Cinématographiquement, il n’y absolument rien à redire. On a de très belles propositions en terme de mise en scène, un joli travail d’opposition des couleurs bleu / rouge, et surtout une excellente direction d’acteurs, avec des personnages hauts en couleurs et tous – mais genre vraiment tous – extrêmement bien joués. A commencer par le rôle-titre : Alexandre Wetter, mannequin androgyne révélé par Jean-Paul Gaultier et totalisant seulement 2/3 pubs et courts métrages à son actif en guise de filmographie. Il n’est pas dit qu’une carrière de cinéma lui tende les bras pour d’autres rôles. Mais il a déjà les faveurs du 7eme art pour celui-ci.


Plus personnellement, le film est parvenu à me soutirer quelques émotions plutôt fortes, et m’a gardé avec lui pendant deux bonnes heures après la sortie de la salle. Un effet anesthésiant plutôt troublant, assez rare pour être souligné…


Est-ce Miss est un petit film français bateau ? Oui, clairement. Mais il a ce supplément d’âme qui ne trompe pas, et défend – il me semble – parfaitement bien son sujet au gré d’une réalisation parfaitement maîtrisée. Par chance, il pourra compter à sa sortie sur un bouche-à-oreille positif qui aura eu deux mois et demie pour faire son chemin. Je me rallie à la cause en vous conseillant chaudement Miss pour votre retour en salles !

Maître-Kangourou
7

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Créée

le 29 déc. 2020

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