Voilà une belle surprise, je m'attendais à bien pire. Cela faisait longtemps que je n'avais plus autant ri devant un film avec Poelvoorde.


L'intrigue est assez basique dans les grandes lignes. Durant la première heure, les auteurs se consacrent essentiellement à leurs personnages, des clichés. Ce qu'il y a de bien avec les clichés, ou les caricatures, c'est que le spectateur en saisit l'essence assez vite et donc les auteurs n'ont pas à perdre trop de temps avec les présentations, il ne leur reste alors plus qu'à les exploiter, ce qu'ils font admirablement bien durant cette première partie très comique. Les seuls bémols jusque là, ce sont les répliques écrites pour faire avancer l'intrigue : c'est balancé au visage sans aucune finesse, c'est purement fonctionnel.


La deuxième partie, 30 minutes de film, c'est autre chose. C'est d'ailleurs un problème récurrent des comédies, françaises ou américaines : les auteurs mettent le paquet dans la première heure et après il ne reste plus que le dernier tiers pour faire avancer l'intrigue. En plus c'était pas nécessaire de passer par tous ces moments dramatiques, l'essentiel étant de voir ce que les personnages pouvaient s'apporter les uns les autres. Mais non, il a fallut qu'ils se montent ambitieux ou plutôt gourmands. Et là le film se vautre. Parce que tout va trop vite, parce qu'on ne reconnaît plus les personnages (l'évolution du héros incarné par Poelvoorde surtout, qui n'a absolument plus rien à voir avec celui de la première minute du film), parce que ça devient sévèrement brouillon, au point qu'on ne comprenne plus trop ce qu'il se passe.


La mise en scène est globalement réussie. Fontaine se plante lorsqu'elle essaie de trop mettre en valeur Poelvoorde (elle surdécoupe certaines répliques, elle filme de trop prêt les réactions dramatiques dans la dernière demi-heure). Pour le reste, il y a de bons moments où elle filme les acteurs en plan moyen pour leur permettre de bouger tout en étant gardant assez de proximité pour apercevoir les subtilités faciales de chacun. La musique est parfois discrète (positif) et puis parfois trop envahissante (négatif). Les acteurs font du bon boulot. Poelvoorde est à l'aise dans ce personnage de Boulet, un peu moins dans le drame même si on sent qu'il a ses tics qui font que ça marche (c'est peut-être ça le problème c'est trop calculé, trop froid). Huppert est un peu moins frigide que d'habitude par moment, elle contraste bien à l'énergie de Poelvoorde. Et entre les deux, Fontaine a trouvé l'acteur idéal, Dussolier. Les scènes où ils sont à trois sont vraiment bonnes. Efira est présente également, et joue plutôt bien la cruche écolo.


Tout le monde en prend pour son grade dans ce film : les gros, les minces, les snobs, les barakis, les français, les belges, ... Fontaine s'amuse comme une folle à mettre en scène ce petit monde grotesque, c'est d'ailleurs dommage que ça finisse si bien alors qu'il y avait matière à faire un truc bien plus pessimiste tout en gardant un ton humoristique. M'enfin, malgré le manque de jusqu'au-boutisme, malgré la grosse gamelle de fin, ça reste un film léger et divertissant.


Bref, j'ai bien rigolé pendant une heure.

Fatpooper
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le 8 mai 2017

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Fatpooper

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